Libération de M. Tchanguiz Vatankhah

22/05/2006
Communiqué

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme et Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme se félicitent de la libération de M. Tchanguiz Vatankhah, fondateur et président de l’Association pour la protection de l’environnement et de la nature (APEN), rédacteur en chef de la radio communautaire Radio Brakoss, à Moissala (à 600 kilomètres au sud de N’Djaména), président de l’Union des radios privées du Tchad (URPT), et réfugié d’origine iranienne installé au Tchad depuis 30 ans.

En effet, M. Tchanguiz Vatankhah, qui était détenu au commissariat central de N’Djamena depuis le 28 avril 2006, a été libéré le 19 mai 2006 dans l’après-midi, au cours d’une cérémonie au bureau du Ministre des droits de l’Homme.

D’autre part, le 17 mai 2006, M. Tchanguiz Vatankhah avait cessé sa grève de la faim. La veille, il aurait reçu la visite du ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des droits de l’Homme, M. Abderaman Djasnabaille, du ministre de la Sécurité publique et de l’Immigration, M. Routouang Yoma Golom, qui avait ordonné son arrestation, et d’un chef de la police. Ceux-ci s’étaient alors entretenus avec lui sur les différends qui les opposent et promis qu’il serait libéré « dans les jours qui viennent ».

M. Tchanguiz Vatankhah était détenu depuis le 28 avril 2006 au commissariat central de N’Djamena, sans avoir accès ni à son avocat ni à sa famille. M. Vatankhah avait alors décidé d’entamer une grève de la faim afin de dénoncer cette situation (Cf. Communiqué conjoint de l’Observatoire et d’Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme, en date du 17 mai 2006).

M. Tchanguiz Vatankhah aurait été détenu pour avoir signé, en tant que président de l’URPT, un communiqué de presse en date du 25 avril 2006, dans lequel il sollicitait le report des élections présidentielles prévues le 3 mai 2006.

M. Vatankhah avait déjà été arrêté le 25 septembre 2005 et détenu plus de deux mois sur ordre de M. Routouang Yoma Golom. Le 14 novembre 2005, ce dernier avait annoncé par arrêté sa décision d’expulser M. Vatankhah. Ce dernier avait été libéré le 29 novembre 2005, à la suite d’une décision de la chambre administrative de la Cour suprême, qui avait jugé la détention du journaliste illégale, mais restait toutefois interdit de quitter N’Djamena et de s’adresser aux médias. Il restait également sous la menace d’une expulsion du territoire tchadien (Cf. rapport annuel 2005 de l’Observatoire).

De même, M. Tchanguiz Vatankhah avait déjà été arrêté le 9 février 2004 par la police locale et torturé durant sa détention à la préfecture de Moissala avant d’être remis en liberté le 11 février 2004. En outre, Radio Brakoss avait été fermée du 11 au 16 février 2004 sur ordre du préfet du Bahr Sara (sud). Enfin, lors de la visite du nouveau ministre de la Communication à Radio Brakoss en septembre 2004, un haut gradé de l’armée tchadienne qui accompagnait le ministre avait publiquement menacé M. Vatankhah de mort (Cf. rapport annuel 2004 de l’Observatoire).

M. Vatankhah a décidé de créer la radio communautaire Brakoss afin de mieux sensibiliser les populations rurales. Cette radio diffuse également des émissions critiques, dénonçant notamment les atteintes aux droits de l’Homme perpétrées par les autorités tchadiennes, en particulier les violations dont sont victimes les paysans de la part des autorités traditionnelles, militaires et administratives.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme et Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme remercient toutes les personnes, organisations et institutions qui sont intervenues en faveur de M. Tchanguiz Vatankhah.

Néanmoins, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme et Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme continuent de demander aux autorités tchadiennes de garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Tchanguiz Vatankhah, de mettre un terme à toute forme de harcèlement à son encontre, ainsi qu’à l’encontre de tous les défenseurs tchadiens des droits de l’Homme.

Plus généralement, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme et Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme prient les autorités tchadiennes de se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 9 décembre 1998 et plus particulièrement à son article 1 qui dispose que "chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international".

Contacts :
OMCT : + 41 22 809 49 39
FIDH : + 33 1 43 55 20 11
Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme : + 33 4 37 37 10 11

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