En mars 2008, le président tchadien Deby Itno avait accepté la mise en place d’une Commission d’enquête sous pression de la présidence française. Mais le caractère uniquement national de cette Commission, la nomination en son sein de personnalités réputées proches du pouvoir et la restriction de son mandat à "l’agression soudanaise du 28 janvier au 08 février 2008 et ses
conséquences" laissaient craindre l’absence de neutralité de cette instance et l’impossibilité pour celle-ci d’enquêter sur l’ensemble des violations des droits de l’Homme perpétrées à l’occasion de la tentative de coup d’Etat, y compris celles commises par les forces de l’ordre et de sécurité. Aussi, les organisations de la société civile approchées par le pouvoir avaient dans un premier temps refusé de faire partie de cette commission.
Finalement, sous la pression de la communauté internationale et des organisations de défense des droits de l’Homme, notamment de la FIDH et de ses organisations membres au Tchad, les autorités tchadiennes ont revu leur copie répondant aux préoccupations de nos organisations. Ainsi, la commission d’enquête comprend des observateurs internationaux de la France, de l’Union européenne (UE), de l’Union africaine (UA) et de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Et son mandat concerne dorénavant non seulement l’attaque des rebelles mais aussi les
violations des droits de l’Homme, les personnes disparues, ou encore les dommages causés aux institutions et établissements publics. Pour rappel, l’opposant politique Ibni Oumar Mahamat Saleh est toujours porté disparu.
La participation du collectif des associations droits de l’Homme et en particulier de la LTDH et de l’ATPDH démontre la volonté de la société civile à faire en sorte que cette Commission remplisse dûment son rôle en faisant la lumière sur l’ensemble des violations graves des droits de l’Homme perpétrées à l’occasion de la tentative de coup d’Etat de février 2008 et qu’elle proposera, en fonction des informations recueillies, des recommandations visant à lutter contre l’impunité des auteurs des violations, quelle que soit leur qualité et fonction. La FIDH et ses organisations membres au Tchad demeurent des organisations indépendantes, non gouvernementales et apolitiques ; et conservent par conséquent toute l’indépendance, la liberté de parole, de recommandations et la vigilance qui caractérisent leur rôle et leur mandat. Elles pourront, le cas
échéant, exprimer publiquement leur satisfaction, leur désapprobation ou les faiblesses de la Commission et de ses travaux.
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