Lettre ouverte au Président Idriss Déby

18/08/2005
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) est vivement préoccupée par la campagne de répression à l’encontre de la presse indépendante tchadienne.
Ainsi, depuis le 18 juillet 2005, quatre journalistes ont été condamnés à des peines allant de trois mois à trois ans de prison ferme pour des articles jugés diffamatoires ou incitant à la haine.

Le 15 août dernier, la chambre correctionnelle du Tribunal de première instance de N’Djamena a condamné Mme Sy Koumbo Singa Gali, directrice de publication de l’Observateur, à une peine d’un an de prison ferme et une amende de 100 000 francs CFA.

Elle comparaissait pour "incitation à la haine tribale" après la publication, le 13 juillet, d’une interview de Garondé Djarma, journaliste indépendant actuellement emprisonné, qui affirmait que son arrestation était l’œuvre des "Janjaweed de N’djamena" .
Pour ces propos, ce dernier a été condamné, le 15 août, à un an de prison ferme et une amende de 100 000 francs CFA qui s’ajoutent à la peine de trois ans de prison ferme prononcée le 18 juillet, pour « diffamation » et « incitation à la haine ».

Le 8 août, Michael Didama, directeur de l’hebdomadaire Le Temps, a été condamné à six mois de prison ferme et 30 000 francs CFA d’amende pour « diffamation », « publication d’informations mensongères » et « incitation à la haine tribale ». Il était poursuivi pour avoir publié un reportage sur les rebelles tchadiens opérant à la frontière tchado-soudanaise et les massacres de population à l’Est du pays.

La FIDH estime que ces procédures judiciaires témoignent d’un véritable harcèlement envers la presse indépendante au Tchad et visent à faire taire toute voix critique du régime tchadien. La FIDH considère qu’il s’agit d’atteintes graves à la liberté de la presse ainsi qu’aux libertés d’expression et d’opinion, pourtant consacrées à l’article 27 de la Constitution tchadienne.
Par conséquent, la FIDH prie les autorités tchadiennes de garantir la liberté de la presse et l’exercice de libertés d’expression et d’opinion, principes fondamentaux d’un État démocratique, conformément aux engagements internationaux liant le Tchad et notamment l’article 9 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples et l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Nous vous appelons également à assurer la sécurité des journalistes et à mettre fin aux menaces et actes d’intimidation à l’encontre des médias indépendants et des défenseurs des droits de l’Homme.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de notre plus haute considération.

Sidiki KABA
Président de la FIDH

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