Le Conseil de sécurité autorise l’envoi d’une force multidimensionnelle au Tchad et en RCA

L’organe exécutif des Nations unies prend en compte
la déstabilisation régionale liée au conflit au Darfour

Nos organisations se félicitent de l’adoption hier par le Conseil de sécurité des Nations unies de la Résolution 1778 (2007) autorisant la mise en place d’une « force multidimensionnelle » à l’Est du Tchad et au Nord-Est de la République centrafricaine (RCA), chargée de protéger les réfugiés, les personnes déplacées et les populations civiles en danger, ainsi que d’établir un environnement propice à la protection des droits de l’homme et à l’Etat de droit.

Cette Résolution qui vient en écho de la Résolution 1769 (2007) du Conseil de sécurité adoptée le 12 juin 2007 autorisant le déploiement au Darfour de la force hybride Nations unies – Union africaine, répond aux
multiples appels lancés par le FIDH et ses organisations membres en RCA et au Tchad pour la protection des populations civiles victimes de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire du fait de l’extension sous-régionale du conflit au Darfour.

Notamment, de retour d’une mission internationale d’enquête dans les camps de réfugiés soudanais au Tchad en juin 2007, la FIDH avait alerté la communauté internationale de la précarité de la situation sécuritaire de la population civile au Tchad victime d’attaques récurrentes de milices soudanaises janjawids ; des heurts entre l’armée et les rebelles tchadiens basés au Darfour ; et des tensions meurtrières entre
ethnies « arabes » et « africaines » exacerbées par les violences inter-ethniques au Darfour voisin. Au Nord-Est de la République centrafricaine, la population civile est également victime des combats entre les militaires centrafricains et des éléments rebelles basés au Darfour. En conséquence du conflit au Darfour et de ses résonances régionales, plus de 250.000 soudanais sont réfugiés au Tchad et en RCA et près de 170.000 tchadiens ont été forcé de se déplacer, créant une véritable catastrophe humanitaire.

La Résolution du Conseil de sécurité autorise la mise en place de la « MINURCAT », mission des Nations unies composée de 300 policiers, 50 militaires et de civils, chargée d’établir un environnement sécurisé pour
les réfugiés soudanais au Tchad, les personnes déplacées et les populations civiles, en soutien à la force de police tchadienne pour la protection humanitaire. La mission aura également pour mandat de promouvoir et de protéger les droits de l’homme, en mettant notamment l’accent sur la lutte contre l’impunité. La résolution autorise également le déploiement d’une force de l’Union européenne, composée de militaires, chargée au Tchad et en RCA de veiller à la protection des populations civiles en danger, de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et de protéger le personnel des Nations unies.

Ainsi, nos organisations appellent

L’Union européenne

➢ à immédiatement se doter d’un cadre opérationnel permettant le déploiement rapide de son opération ;

➢ à garantir la neutralité de son opération, considérant l’implication de l’armée française au Tchad et en RCA au nom de la coopération militaire ;

La communauté internationale

➢ à fournir dans les plus brefs délais les ressources humaines et budgétaires nécessaires à la MINURCAT pour la mise en oeuvre de son mandat, notamment son volet droits de l’homme et Etat de droit, en coopération avec les organisations locales indépendantes de défense des droits de l’Homme ;

➢ à renforcer la coopération avec le Procureur de la Cour pénale internationale (CPI), en RCA, au Soudan et au Tchad, et soutenir en particulier l’arrestation des deux suspects soudanais sous mandat d’arrêt de la CPI ;

La future force multidimensionnelle

➢ à soutenir le travail du Procureur de la CPI saisi des situations au Darfour et en République centrafricaine, aux fins de contribuer à la lutte contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves commis dans la sous-région ;

Les gouvernements centrafricain et tchadien

➢ à faciliter le déploiement rapide de la force multidimensionnelle, à s’engager fermement dans la lutte contre l’impunité des auteurs des crimes les plus graves et à poursuivre leurs efforts tendant au règlement politique des conflits les opposant à des éléments rebelles ;

Le Conseil de sécurité

➢ à se saisir également de la situation préoccupante au Nord-Ouest de la RCA où des violations graves des droits de l’Homme et du droit international humanitaire sont perpétrées à l’occasion d’un conflit entre l’armée centrafricaine et des éléments rebelles.


Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme - FIDH

Ligue centrafricaine des droits de l’Homme - LCDH

Organisation pour la compassion et le développement des familles en détresse - OCODEFAD

Ligue tchadienne des droits de l’Homme - LTDH

Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’Homme – ATPDH

Lire la suite