« Nous exigeons la justice. Nous méritons la justice » : un nouveau rapport demande la responsabilisation des auteurs des atrocités commises au Soudan

21/05/2025
Rapport
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FIDH
  • La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et le African Centre for Justice and Peace Studies (ACJPS) lancent leur nouveau rapport conjoint : « Nous exigeons la justice. Nous méritons la justice : processus de responsabilisation pour les victimes du Soudan. »
  • Ce rapport analyse de manière critique les mécanismes de justice et de lutte contre l’impunité accessibles aux victimes et survivant·es soudanais·es de graves violations des droits humains, passées et en cours. Il formule également des recommandations ciblées à l’intention de divers acteur·ices, afin de renforcer la justice et la lutte contre l’impunité de manière coordonnée, inclusive et centrée sur les victimes.

Paris, Kampala, 21 mai 2025. Alors que le conflit continue de dévaster le Soudan et que les atrocités s’intensifient depuis avril 2023, le rapport propose une analyse urgente et opportune de la capacité des cadres juridiques et politiques existants à répondre aux exigences actuelles et futures en matière de vérité, de justice et de réparations des victimes. S’appuyant sur les témoignages de victimes et de survivant·es, des entretiens avec des expert·es ainsi qu’une analyse de terrain, le rapport offre un examen approfondi des efforts nationaux, régionaux et internationaux en matière de lutte contre l’impunité, tout en soulignant les lacunes persistantes et en formulant des recommandations concrètes.

« Ce rapport est un cri de ralliement des victimes et survivant·es soudanais·es qui ont été ignoré·es pendant trop longtemps. La justice ne doit plus être retardée ou refusée », a déclaré Alice Mogwe, présidente de la FIDH.

«  L’histoire nous a montré que nous ne pouvons pas construire la paix au Soudan sans établir la vérité et tenir les auteurs présumés responsables. Les acteurs nationaux, régionaux et internationaux doivent travailler ensemble pour briser le cycle de l’impunité pour les crimes commis au Soudan », a déclaré Mossaad Ali, directeur exécutif de l’ACJPS.

Outre la présentation des principales conclusions, le rapport formule des recommandations ciblées à l’intention d’une série d’acteur·ices, notamment l’Union africaine (UA), les parties belligérantes soudanaises, les États, le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU), la Cour pénale internationale (CPI), la Mission indépendante d’établissement des faits sur le Soudan du Conseil des droits de l’homme des Nations unies (FFM Soudan), les organisations de la société civile soudanaise (OSC) ainsi que les partenaires internationaux, en établissant une feuille de route claire pour renforcer la justice et la lutte contre l’impunité pour les victimes soudanaises. Elle exhorte toutes les parties prenantes à soutenir des approches coordonnées, inclusives et centrées sur les victimes à tous les niveaux de responsabilité.

Depuis que le conflit a éclaté en avril 2023 entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF), au moins 20 000 personnes ont été tuées, avec des estimations probablement beaucoup plus élevées, et plus de 12 millions ont été déplacées – 8 millions à l’intérieur du pays et 4 millions au-delà des frontières vers sept pays voisins. Les civil·es sont confronté·es à des massacres généralisés, à des violences sexuelles, à une famine forcée et à une crise alimentaire catastrophique. Selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies, le Soudan est aujourd’hui la plus grande crise humanitaire au monde.

Ce conflit n’est pas une tragédie isolée : il s’inscrit dans la continuité de décennies de violences étatiques, de racisme structurel et d’impunité. Les RSF, issues des milices Janjaweed responsables du génocide de 2003 au Darfour, font l’objet de nouvelles accusations d’atrocités de masse. Les SAF ont également été impliquées dans de graves violations, notamment le bombardement aveugle de zones civiles et l’entrave à l’aide humanitaire. Malgré plusieurs mandats d’arrêt délivrés par la Cour pénale internationale pour les crimes commis au Darfour, les principaux responsables restent en liberté. Le conflit en cours reflète une incapacité systémique à traiter les crimes passés et présents, rendant plus urgent que jamais la mise en place d’un processus de justice axé sur les survivant·es.

Temps forts de l’événement de lancement

Lors de l’événement de lancement qui a eu lieu aujourd’hui à Kampala, en Ouganda, une table ronde de haut niveau comprenant des témoignages de survivant·es, des avis d’expert-es et des perspectives de la société civile a abordé les thèmes clés suivants :

 ce que signifie la justice pour les survivant·es soudanais·es aujourd’hui ;
 le rôle et les limites des mécanismes nationaux, régionaux et internationaux ;
 la faisabilité de la quête de justice dans le cadre d’un conflit armé en cours ;
 comment la société civile peut agir dès maintenant pour faire avancer la lutte contre l’impunité.

Le rapport est disponible en anglais et en arabe.
Le résumé en arabe est disponible ici.

FIDH SUDAN REPORT 2025

Le rapport et l’événement de lancement ont été rendus possibles grâce au soutien financier de la Délégation de l’Union européenne au Soudan.

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