La liberté d’expression livrée à l’arbitraire du pouvoir

07/04/2006
Communiqué

L’arrestation du vice-président de l’Assemblée nationale sénégalaise pour ses propos tenus contre le chef de l’État marque une régression démocratique et un recul de la liberté d’expression au Sénégal.

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) exprime sa vive préoccupation après l’arrestation à Dakar de M. Amath Dansokho, Vice- président de l’Assemblée nationale du Sénégal et secrétaire général du Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT), par la Division d’investigation criminelle (DIC), le 6 avril 2006 à 15h.

Cette arrestation intervient trois jours après les propos tenus par M. Amath Dansokho devant la presse française et sénégalaise à Paris où il dénonçait le « bâillonnement de la presse » au Sénégal par le pouvoir, et invitait le peuple sénégalais à faire face à « la machine infernale de destruction de notre société qu’Abdoulaye Wade a lancée ».

La FIDH s’était déjà à de multiples reprises alarmée des arrestations intempestives d’opposants, de journalistes et de cinéastes par la DIC (notamment M. Abdourahim Agne, président du parti de la réforme (PR) en juillet 2005 ; M. Madiambal Diagne, directeur de publication du Quotidien ; M. Boubacar Touré et 5 journalistes du Groupe de presse Sud Communication en octobre 2005, M. Ibrahima Sène, membre du Comité central du PIT en mars 2006) [1]

La FIDH voit dans ces arrestations à répétition qui marquent une régression démocratique patente, une volonté de contrôle de toutes les formes d’expression et un processus de criminalisation de l’activité politique, néfastes à une société démocratique et à la paix civile.

La FIDH considère que cette repression systématique de la liberté d’expression et de la presse tend à instaurer un climat d’intimidation et de pression à la veille d’échéances électorales décisives alors que les élections legislatives ont été unilatéralement reportées.

Aussi, la FIDH demande instamment aux autorités sénégalaises de se conformer en toutes circonstances aux instruments internationaux de protection des droits de l’Homme auxquels le Sénégal est partie, notamment le Pacte international des Nations unies sur les droits civils et politiques de 1966 qui garantit la liberté d’opinion et d’expression.

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