Pressions sur un journaliste à Dakar : une nouvelle atteinte à la liberté d’expression au Sénégal

09/07/2004
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) s’inquiète des pressions exercées à l’encontre de M. Madiambal Diagne, directeur de publication du journal sénégalais le Quotidien, à la suite de la parution, le 5 juillet 2004, d’un article dans le journal relatant des débats lors de la dernière session du Conseil supérieur de la magistrature du Sénégal, présidé par le Président Abdoulaye Wade.

Le 8 juillet 2004, M. Diagne a été entendu par la Brigade de gendarmerie de Dakar, à la suite de sa saisine par le parquet de la République. Selon le parquet, l’article en cause serait de nature à inciter les magistrats à troubler l’ordre public. L’article incriminé annonçait notamment que l’Union des magistrats s’apprêtait à sortir une déclaration contre les « velléités de plus en plus affirmées de mettre à des postes stratégiques des magistrats sous les ordres ». M. Diagne refusant de révéler ses sources d’information, il a été appelé à se représenter à la Brigade de gendarmerie le lendemain matin, et a été déféré immédiatement au Parquet. Il attendait encore en fin de journée d’être entendu par le Procureur. Un groupe d’avocats de l’Organisation Nationale des Droits de l’Homme (ONDH), organisation membre de la FIDH au Sénégal, est constitué pour défendre le journaliste.

La FIDH s’inquiète de cette situation d’autant plus qu’elle intervient alors que de nombreuses violations du droit à la liberté d’expression ont été dénoncées dans le pays. La FIDH rappelle qu’elle avait déjà condamné les menaces de mort proférées à l’encontre du journaliste Abdou Latif Coulibaly, l’agression de M. Talla Sylla, Président du parti sénégalais d’opposition l’Alliance Jëf Jël ou encore les menaces de mort adressées à Mgr Théodore Adrien Sarr, archevêque de Dakar (cf. communiqués de presse de la FIDH datés du 1er août, du 7 octobre 2003, et du 9 janvier 2004)

La FIDH appelle les autorités sénégalaises à la plus grande vigilance s’agissant du respect de leurs obligations internationales et rappelle que le droit à la liberté d’expression, élément fondamental constitutif d’un Etat de droit démocratique, est garanti par l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et l’article 9 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, ratifiés par le Sénégal.

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