Les autorités doivent libérer les militants politiques et défenseurs des droits de l’Homme

30/01/2012
Communiqué

Nos organisations [1] condamnent les arrestations d’opposants et de défenseurs des droits de l’Homme et appellent les autorités sénégalaises à la retenue et au respect strict des droits de l’Homme et des libertés fondamentales au risque de voir le pays sombrer dans la violence à moins d’un mois de l’élection présidentielle.

Depuis la publication par le Conseil constitutionnel, le 27 janvier 2012, de la liste officielle des candidats à l’élection présidentielle du 26 février 2012, la situation s’est nettement dégradée au Sénégal. L’annonce de la confirmation par le Conseil constitutionnel de la candidature du président sortant M. Abdulaye Wade et de la disqualification de certains candidats a mis le feu au poudre. Le soir même, en marge d’une manifestation autorisée et pacifique du mouvement citoyen M23, des affrontements ont éclaté entre la police et des jeunes. Le 27 janvier, un policier a trouvé la mort dans des circonstances encore non élucidées à Dakar, tandis que le 30 janvier deux personnes ont été tuées dans une manifestation à Podor.

« L’exécutif veut faire taire les voix discordantes, faisant entrer le Sénégal dans une période de tension et d’incertitude », a déclaré Me Assane Dioma Ndiaye, président de la LSDH.

Depuis le 27 janvier au soir, les autorités sénégalaises ont entrepris une vague d’arrestations et de convocations par la police à l’encontre d’opposants politiques et de défenseur des droits de l’Homme. Ainsi, le président de la RADDHO et coordinateur du M23, M. Alioune Tine, a été convoqué et entendu, le 28 janvier 2012, par la Division des investigations criminelles (DIC). Il n’a pas été libéré depuis lors, laissant penser qu’il fait l’objet d’une mesure de garde à vue malgré le fait qu’il n’ait pas pu avoir accès à son avocat et que les éventuelles charges retenues à son encontre sont toujours inconnues, confirmant le caractère illégal de cette détention. Le même jour, plusieurs dizaines d’arrestation d’opposants et de militants de partis politiques et d’organisation de la société civile notamment du M23 auraient été menées par les services de police sénégalais.

« Alioune Tine fait l’objet depuis des mois d’actes d’intimidation de la part des autorités sénégalaises. L’arrestation illégale du président de la RADDHO est une manifestation supplémentaire du peu d’égard du président Sénégalais vis-à-vis des droits civils et politiques. » a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

« Étouffer la contestation civile et politique ne fera qu’aggraver la situation actuelle. La seule façon d’avancer est un retour au plein respect des droits de l’Homme, y compris le droit aux libertés d’association et de réunion, et les activistes qui l’exercent ne doivent pas faire l’objet d’arrestation arbitraire », a déclaré Gerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT.

Nos organisations s’investissent pour la défense d’Alioune Tine par la constitution d’un pool d’avocats sénégalais, africains et internationaux. « Il est de notre devoir moral, professionnel et militant de défendre Alioune Tine et à travers lui la défense des libertés publiques au Sénégal » a déclaré Me Patrick Baudouin, président d’Honneur de la FIDH et responsable du Groupe d’Action judiciaire (GAJ) de la FIDH.

En outre, depuis le 29 janvier, près de quatre-vingt sites internet d’information sont indisponibles au Sénégal laissant craindre de la part des autorités sénégalaises une volonté de contrôle de l’information et une atteinte supplémentaire aux libertés fondamentales.

« Le gouvernement sénégalais doit faire preuve de retenue dans le maintien de l’ordre public lors des prochaines manifestations annoncées et doit se conformer à ses obligations en matière de droits de l’Homme en libérant les personnes arrêtés pour des motifs politiques et en premier lieu, Alioune Tine et en garantissant la liberté d’information » a déclaré Me Brahima Koné, président de l’UIDH.

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