Intimidations / Harcèlement - SEN 001 / 1006 / OBS 122

18/10/2006
Appel urgent

L’Observatoire a été informé d’actes de harcèlement et ’intimidation visant M. Cheikh Yérim Seck, journaliste d’investigation à l’hebdomadaire français Jeune Afrique.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante au Sénégal.

Description de la situation :

Selon les informations reçues, M. Seck a récemment été informé de la possible organisation d’un attentat à son encontre. En effet, alors que son véhicule était retenu au commissariat de police de Médina depuis plusieurs jours, une source policière lui a « conseillé » de faire expertiser sa voiture avant de la reprendre, ce qui serait susceptible de sous-entendre l’éventualité d’un attentat contre lui. Ces faits font suite à l’immobilisation de sa voiture par les autorités, après que son permis de conduire, puis sa carte grise et l’attestation d’assurance de sa voiture lui eurent été successivement confisqués, sans raison apparente, par les services de police. Ces documents ne lui ont pas été restitués.

Ces faits interviennent alors que M. Seck, qui vit actuellement en France, se voit l’objet de filatures constantes lors de ses déplacements au Sénégal. De même, son téléphone personnel est constamment mis sur écoute et M. Seck a en outre eu connaissance de l’existence de fiches de police concernant sa vie privée.

Par ailleurs, ces faits s’ajoutent à des campagnes de diffamation régulières au sein des médias sénégalais pro-gouvernementaux. Ces campagnes, parfois outrageantes, ont été jusqu’à l’accuser de pédophilie en juillet 2005. L’auteur de cette accusation, directeur de publication du journal Il est midi, a été condamné en mars 2006. Par ailleurs, en septembre 2005, un avocat mandaté par la Présidence de la République a adressé un droit de réponse particulièrement virulent contre M. Seck à Jeune Afrique, concernant l’affaire Idrissa Seck, ancien premier ministre incarcéré de juillet 2005 à février 2006 pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et « malversations financières ». Il y établissait notamment un lien de parenté entre M. Idrissa Seck et M. Yérim Seck, afin de mettre en doute l’objectivité de ce dernier dans le traitement de cette affaire.

L’Observatoire exprime sa préoccupation au regard de ces faits qui s’inscrivent dans un contexte de nette détérioration des libertés d’expression et de presse au Sénégal. L’Observatoire considère qu’il s’agit là de représailles visant à sanctionner l’activité de M. Seck, qui est particulièrement engagé dans la défense de l’Etat de droit et dans la lutte contre la corruption dans son pays. Il a notamment dénoncé les irrégularités dans l’affaire « Idrissa Seck », ainsi que certains scandales financiers ; il a également publié plusieurs articles sur l’affaire Hissène Habré, ancien dictateur tchadien, exilé au Sénégal, inculpé dans ce pays en 2000 pour complicité de crimes contre l’humanité, actes de torture et de barbarie, et arrêté par les autorités sénégalaises en novembre 2005 conformément à une demande d’extradition formulée par les autorités belges.

Actions demandées :

Merci de bien vouloir écrire aux autorités sénégalaises en leur demandant de :

i. garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Cheikh Yérim Seck ;

ii. mettre un terme immédiat à tout acte de répression ou de harcèlement à son encontre ;

iii. se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement à son article 12.2, qui dispose que "l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration" ;

iv. plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Sénégal.

Adresses :

 M. Abdoulaye Wade, Président de la République. Palais présidentiel, Avenue Leopold Sedar Senghor, BP 4026, Dakar, Sénégal. Tel : 221 890 90 90.

 M. Macky Sall, Premier ministre, Cabinet du premier ministre, Bâtiment administratif BP4029, Dakar, Sénégal. Tel : 221 889 69 13 / 849 18 02 / 889 69 69 ; Fax : 221 823 44 79

 M.Cheikh Tidiane GADJOC, Ministère des affaires étrangères : Place de l’indépendance, Dakar, Sénégal. Tél. : (221) 889 13 00 / 823 53 42 / 823 36 78 ; Fax : (221) 823 54 96 / 823 84 88

 M. Cheikh Tidiane Sy, Ministre d’Etat, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Bâtiment Administratif BP 4030, Dakar, Sénégal. Tel : 221 849 76 28 / 849 70 00 / 823 50 24 / Fax : 221 823 27 27.

 Me Ousmane Ngom, Ministre de l’Intérieur et des collectivités locales ; Pl. Washington - Bd de la République BP 4002 ; Dakar, Sénégal. Tel : 221 821 00 89 / 889 91 00 / Fax : 221 821 05 42.

 Mme Mame Bassine B. Niang, Ministre Haut Commissaire, Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme et à la Promotion de la Paix. BP. 4026 Dakar, Sénégal. Tel : 00 221 880 82 05 / 849 72 52 / Fax : 00 221 821 50 11 / 821 86 60.

 Ambassadeur M. Ousmane Camara, Mission permanente du Sénégal auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, 93 rue de la Servette, 1202 Genève, Suisse, Fax : +41 22 740 07 11 ; Email : mission.senegal@ties.itu.int

 Ambassadeur M. Mame Balla Sy, Ambassade du Sénégal à Bruxelles, 196 avenue F.D. Roosevelt, 1050 Ixelles, Belgique, Tel : + 32 2.673.00.97, Fax : + 32 2.675.04.60

***

Genève - Paris, le 17 octobre 2006

Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

L’Observatoire, programme de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.

L’Observatoire a été lauréat 1998 du prix des Droits de l’Homme de la République Française.

Pour contacter l’Observatoire, appeler La Ligne d’Urgence :
E-mail : Appeals@fidh-omct.org
Tel et fax FIDH : 33 1 43 55 20 11 / 33 1 43 55 18 80
Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29

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