"Casamance : il faut passer des négociations de paix au règlement concerté et effectif du conflit"

06/07/2004
Rapport
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La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) publie ce jour un rapport : « Casamance : Il faut passer des négociations de paix au règlement concerté et effectif du conflit ».

Depuis 1982, le conflit en Casamance entre les forces rebelles indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), dirigé par l’Abbé Diamacoune Senghor, et les forces gouvernementales a causé la mort de plusieurs milliers de personnes en Casamance et a fortement déstabilisé la région, le conflit se propageant au delà des frontières, notamment en Guinée-Bissau. Depuis 1999, des négociations de paix sont entreprises, mais la division du MFDC en plusieurs fronts a attisé les tensions, et le naufrage en 2002 de l’unique ferry reliant la Casamance à Dakar a contribué à isoler un peu plus la région (p. 5-8).

Le rapport, qui s’inscrit dans le cadre d’un programme de coopération juridique, met en évidence des avancées en demi-teinte dans le processus de règlement du conflit, notamment depuis le séminaire organisé par la FIDH à Ziguinchor en juin 2003 sur le thème « Une vision partagée de la paix et des droits de l’Homme en Casamance », auquel a participé l’ensemble des parties au conflit. Les participants appelaient notamment les autorités sénégalaises à engager des négociations approfondies avec toutes les composantes du MFDC, sans aucune discrimination, en y incluant l’ensemble des questions qui sont à l’origine de la crise en Casamance (p. 10-21).

Une mission de suivi chargée de l’évaluation de la mise en oeuvre des recommandations issues du séminaire s’est rendue à Dakar et Ziguinchor du 27 octobre au 2 novembre 2003. La mission a ainsi noté que certaines dispositions avaient été prises par le gouvernement sénégalais afin de sécuriser les populations et de renforcer la confiance avec le MFDC et les autres forces vives présentes dans la région : rencontres avec l’Abbé Diamacoune ; libération de tous les prisonniers du MFDC, à l’exception des auteurs de crimes de sang ; prise en charge des malades du MFDC ; reconstruction de quartiers et villages de la région... (p. 22-23)

Cependant, la démarche de l’Etat sénégalais qui semble chercher à écarter certains composantes du MFDC du processus de restauration de la paix définitive en Casamance, en privilégiant la concertation avec l’Abbé Diamacoune, est préoccupante (p. 24-25). De même, les propos du porte-parole du MFDC, qui a déclaré qu’il ne renoncerait pas à se battre avant d’avoir obtenu l’indépendance de la Casamance lors des Assises consacrées à l’aile combattante du MFDC qui se sont tenues du 1er au 3 mai 2004 à Ziguinchor, sont d’ordre à attiser les tensions (p. 26).

Convaincue que la solution militaire ne peut prévaloir et qu’il ne peut y avoir de paix en Casamance que par le dialogue politique, la FIDH appelle à nouveau toutes les parties au dialogue pour qu’une paix juste et durable soit instaurée en Casamance (p. 26). Depuis 1998, date à laquelle la FIDH avait publié un rapport faisant état de graves violations des droits de l’Homme en Casamance, la FIDH demande de créer les conditions d’un véritable dialogue en vue du rétablissement de la paix.(1)

La FIDH demande aux autorités sénégalaises d’engager des négociations approfondies avec toutes les composantes du MFDC, sans aucune discrimination, en y incluant l’ensemble des questions qui sont à l’origine de la crise en Casamance. Elle les appelle également à exiger des forces armées le respect du droit international humanitaire afin que les civils ne soient plus victimes de violations, notamment les femmes, les enfants et les personnes âgées, et à poursuivre et juger les auteurs de violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’Homme.

En outre, la FIDH recommande au MFDC d’inclure toutes les composantes du mouvement dans les
négociations avec les autorités sénégalaises et de respecter le droit international humanitaire.

(1) En juillet 1998, la FIDH avait publié un rapport intitulé « De graves violations des droits de l’Homme occultées par un discours en trompe l’oeil ». Ce rapport faisait état de graves violations des droits de l’Homme, et notait que, malgré la volonté affichée de dialogue de toutes les parties, la violence dans la région continuait de s’aggraver. Le rapport appelait le gouvernement à mettre un terme aux violations des droits de l’Homme commises à l’encontre des populations civiles. La FIDH recommandait également aux responsables du MFDC de cesser toutes actions meurtrières à l’encontre des populations civiles.

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