Les arrestations ont eu lieu à Nairobi, où de nombreuses personnes accusées de génocide ont trouvé refuge depuis longtemps. Auparavant, les autorités du Kenya n’avaient aidé qu’une seule fois le Tribunal international à procéder à une arrestation. Celles du 18 juillet constituent leur première action contre des personnages qui sont accusés d’avoir dirigé le génocide à un niveau national.
Les deux organisations internationales de défense des droits de l’Homme se félicitent d’une telle collaboration, essentielle pour lutter contre l’impunité en Afrique. La Zambie et le Cameroun ont aussi arrêté des personnes soupçonnées d’avoir participé au génocide, et recherchées par le Tribunal.
Parmi les personnes arrêtées au Kénya figurent Jean Kambanda, ancien premier Ministre, qui a dirigé le Gouvernement pendant le génocide et qui aurait incité aux tueries, des dizaines de milliers de membres de son parti politique, le Mouvement Démocratique Républicain (MDR), et Pauline Nyiramasuhuko, ancien ministre de la famille et des affaires féminines, qui aurait commandité des massacres à Butare, sa préfecture d’origine. Anselme Shalom Ntahobali, fils de Nyiramasuhuko, est accusé d’avoir commandé les milices Interahamwe dans les tueries de Tutsi à Butare. Le Tribunal a aussi arrêté deux militaires importants, le Colonel Gratien Kabiligi et le Major Aloyx Ntabakuze, dont les troupes auraient massacré des Tutsi et commandé à des civils Hutu de tuer des Tutsi. Ont également été arrêtés l’ancien préfet de Butare, Sylvain Nsabimana, et Hassan Ngeze, rédacteur du journal Kangura, qui est à l’origine de la propagande anti-tutsi la plus virulente. Cinq de ces personnes sont placées en détention provisoire ; Nyiramasuhuko et son fils ont déjà été mis en accusation par le Tribunal international.
La FIDH et Human Rights Watch demandent à la Communauté internationale de mettre à la disposition du Tribunal international les ressources nécessaires pour un rapide complément d’instruction de ces cas. Elles remarquent qu’un manque d’enquêteurs et de procureurs expérimentés a déjà beaucoup retardé le travail du Tribunal dans le passé et elles demandent au Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan, de faire du recrutement d’un tel personnel une priorité. Elles appellent aussi les gouvernements nationaux à collaborer de toute urgence au bon fonctionnement du Tribunal.