Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) demandent l’arrêt immédiat des tueries de civils par les soldats rwandais

13/08/1997
Communiqué

Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) demandent aujourd’hui que le Général Paul KAGAME, Vice-Président du Rwanda et Ministre de la Défense, et le Président Rwandais Pasteur BIZIMUNGU donnent l’ordre immédiat de mettre un terme aux tueries de civils commises par l’Armée Patriotique Rwandaise (APR), comme elles sont décrites dans le dernier rapport de l’Opération sur le terrain pour les droits de l’Homme au Rwanda (HRFOR) des Nations Unies.

Dans un rapport publié le 7 août dernier, l’HRFOR indique qu’au moins 2.022 (deux mille vingt deux) personnes ont été tuées en mai et juin lors des opérations de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) dans la préfecture de Ruhengeri. Selon des témoins visuels, beaucoup des personnes tuées étaient des civils sans armes, y compris des enfants, des femmes et des personnes âgées. D’autres étaient des insurgés qui menaient une lutte armée contre le Gouvernement rwandais.

Dans des lettres envoyées au Général KAGAME et au Président BIZIMUNGU, les deux organisations internationales ont écrit :

Le rapport de l’HRFOR est dans les mains des autorités rwandaises depuis le 21 juillet, et sa publication a été reportée deux fois pour leur permettre de préparer une réponse appropriée. Malgré cela, ils se sont contentés de répondre que les sources des informations n’étaient pas fiables et que les enquêteurs ne comprenaient pas le pays. Une telle réponse vague et superficielle ne peut démentir le rapport d’enquête extrêmement détaillé, qui donne les dates des incidents et le nombre des victimes présumées par secteur. Si une telle réponse, totalement inadéquate, devait être maintenue, cela démontrerait clairement que les autorités rwandaises ne prennent pas au sérieux les plaintes pour violations des droits de l’Homme.

Les organisations notent que les représentants du Gouvernement rwandais ont concédé que l’APR a tué plus de 2.000 personnes à Ruhengeri pendant la période en question, mais prétendent que seulement 200 à 300 des victimes étaient des civils. Human Rights Watch et la FIDH ont déclaré :

Les assertions selon lesquelles 1.800 des plus de 2.000 personnes tuées par l’APR étaient tous des membres de groupes armés ne peuvent pas être acceptées simplement et sans questions, étant donné le nombre et le poids des témoignages affirmant le contraire.

Les deux organisations poursuivent :

Nous ne remettons pas en question le droit et l’obligation pour le Gouvernement rwandais de protéger son peuple. Nous ne doutons pas non plus que les groupes armés ont augmenté la fréquence et la sévérité de leurs attaques dans les tous derniers mois. Comme vous le savez, nos deux organisations ont depuis longtemps annoncé le risque de reprise des combats, facilité par le nombre croissant des armes apportées dans la région et nous avons fait campagne pour faire cesser ce trafic d’armes. Mais les autorités rwandaises doivent exercer leur droit et devoir de protéger les citoyens rwandais dans les limites du droit international humanitaire auquel le Rwanda a souscrit.

HRW et la FIDH signalaient encore dans leur lettre au Général KAGAME :

En tant que premier officier de commandement et Ministre de la Défense, vous avez la responsabilité de garantir que les forces de l’APR connaissent les restrictions qu’impose le droit international humanitaire et qu’elles agissent bien dans ce cadre. Bien que les autorités rwandaises récusent les accusations de l’HRFOR qui précise qu’un nombre important de civils sans armes a été tué, elles admettent que les forces de l’APR ont massacré 200 à 300 civils, en violation flagrante du droit international humanitaire. Vous avez le devoir d’ordonner que ces tueries de civils sans défense et autres violations du droit international humanitaire cessent immédiatement, et de vérifier qu’un tel ordre est exécuté. Vous avez également la responsabilité d’ordonner une enquête impartiale, approfondie et rapide sur ces massacres et de faire en sorte que les officiers de commandement en charge de ces opérations soient portés devant la justice.

Les deux organisations de défense des droits de l’Homme ont enfin demandé au Général KAGAME et au Président BIZIMUNGU de les informer sur la manière et le moment où ils prendraient les mesures pour s’assurer que les forces de l’APR appliquent le droit international humanitaire. Elles ont demandé à être averties du moment de la mise en place de l’enquête et à connaître le rang et les noms des officiers qui en seront en charge afin de pouvoir en suivre les progrès.

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