HUMAN RIGHTS WATCH ET LA FEDERATION INTERNATIONALE DES LIGUES DES DROITS DE L’HOMME (FIDH) APPELLENT A L’ARRESTATION DES ANCIENS DIRIGEANTS RWANDAIS ACCUSES DE GENOCIDE.

12/12/1996
Communiqué

A la suite de la destruction de leurs quartiers généraux dans les camps de réfugiés à l’est du Zaïre, on rapporte que des dirigeants militaires, civils et politiques de l’ancien gouvernement rwandais sont en train de se disperser vers Kinshasa (Zaïre), Brazzaville (Congo) et peut-être vers d’autres destinations.

Parmi ces personnes, on peut compter :

• Augustin Bizimungu, important général de l’ancienne armée rwandaise (Forces Armées Rwandaises, FAR), qui se trouverait maintenant à Kinshasa. Bizimungu commandait l’armée et la police nationale en 1994, qui ont toutes deux participé au génocide et qui ont dirigé les meurtres de la milice civile.

• Mathieu Ngirumpatse, président du Mouvement Républicain National pour la Démocratie et le Développement (MRND, parti de l’ancien Président Juvenal Habyarimana), qui semble avoir fui Kinshasa et qui serait actuellement à Brazzaville. Le MRND et sa milice ont dirigé la campagne d’extermination de la minorité Tutsi et des Hutus modérés.

• Theodore Sindikubwabo, Président par interim du Rwanda pendant le génocide, dont on a d’abord cru qu’il avait été tué dans l’attaque sur Bukavu en novembre 1996, mais qui a été aperçu depuis à Kinshasa. Dans un célèbre discours à Butare, il avait insisté pour que tout le monde se mette au travail, autrement dit, tue les Tutsi.

En outre, Hassan Ngeze et Georges Ruggiu, deux leaders de la propagande du génocide, sont indiqués comme étant actuellement au Kenya.

HRW et la FIDH insistent pour que les autorités du Zaïre, du Kenya et du Congo procédent à l’arrestation et à la détention de ces personnes en attendant les enquêtes du Tribunal International pour le Rwanda. Comme ils ne peuvent plus bénéficier de la protection des ex-FAR et de la milice, comme c’était le cas dans l’est du Zaïre, leur arrestation peut maintenant être effectuée sans aucune difficulté.

HRW et la FIDH demandent également que le Cameroun livre au Tribunal international le Colonel Theoneste Bagosora, actuellement en prison. Le Colonel Bagosora, chef de cabinet du Ministre de la Défense, a en réalité dirigé les opérations dès le début du génocide.

Les deux organisations de droits de l’Homme appellent tous les gouvernements pour que soit appliquée la résolution 955 du Conseil de sécurité des Nations Unies qui appelle les Etats membres à aider le Tribunal International pour le Rwanda à localiser et appréhender les anciens responsables rwandais contre lesquels existent des indices sérieux d’implication dans le génocide.

Le gouvernement tanzanien quant à lui, a annoncé son intention de renvoyer chez eux, avant le 31 décembre, les réfugiés rwandais se trouvant sur son territoire. Afin de faciliter le retour de ces réfugiés, la Tanzanie aurait également proposé de les séparer de quelques 200 membres des anciennes autorités et milices rwandaises. Parmi ces 200 personnes, il est possible que se trouvent Jean-Baptiste Gatete, ancien bourgmestre (maire) de Murambi, et Sylvestre Gacumbitsi, ancien bourgmestre de Rusumo, qui ont tous deux été identifiés par des témoins comme ayant dirigé des massacres dans leurs communes.

HRW et la FIDH appellent l’ensemble de la communauté internationale à aider la Tanzanie dans cette voie. Le 12 decembre 1996.

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