HRW ET LA FIDH INSISTENT POUR QUE CONTINUE L’OBSERVATION INTERNATIONALE DES DROITS DE L’HOMME AU RWANDA

17/07/1998
Communiqué

Human Rights Watch et la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) déplorent la fermeture de l’Opération sur le terrain pour les Droits de l’Homme au Rwanda (HRFOR) des Nations-unies. Elles recommandent au Haut Commissaire aux Droits de l’Homme, Mme Mary Robinson, l’affirmation du principe que l’observation de terrain est partie intégrante du travail de toute opération des Droits de l’Homme des Nations-unies.

Le gouvernement rwandais, qui a suspendu le travail de l’opération en mai, pense mettre fin à l’observation tout en maintenant une présence onusienne uniquement chargée d’assurer des fonctions éducatives et techniques. Les deux organisations internationales de droits humains estiment que le cas spécial du Rwanda, pays sortant tout juste du génocide de 1994 et troublé aujourd’hui par une sérieuse insurrection, nécessite la poursuite de l’investigation internationale sur le terrain dans le domaine des droits de l’Homme.

Les forces rebelles attaquent régulièrement des civils, comme le prouve l’attaque récente à Tare, à une quarantaine de kilomètres de la capitale, le 12 juillet. Les rebelles comprennent des soldats et des miliciens provenant des forces qui ont commis le génocide. Des troupes du gouvernement rwandais ont également tué un nombre important de civils, particulièrement dans le nord-ouest du pays. De plus, les autorités gouvernementales et militaires ont procédé à l’arrestation d’un nombre croissant de personnes suspectées de relations avec les rebelles, sans qu’il ait été possible d’avoir des nouvelles ou de voir les personnes arrêtées. Ainsi par exemple, il a été rapporté que les autorités ont enlevé des douzaines de personnes au marché et au stade de Ruhengeri, le 2 juillet.

Le gouvernement rwandais prétend que les organisations locales de défense des droits de l’Homme et la toute nouvelle Commission Nationale pour les Droits de l’Homme enquêteront sur les abus futurs. Mais les organisations locales n’ont pas les ressources nécessaires ne serait-ce que pour observer les procès de personnes accusées de génocide qui se déroulent dans tout le pays et ne peuvent que rarement envoyer des enquêteurs dans les zones de combat. La Commission Nationale quant à elle n’a pas encore commencé à fonctionner et n’est pas en état d’enquêter effectivement sur les violations des droits humains.

Bien que l’Opération des Nations Unies ait connu des limites par manque de personnel et du fait de problèmes de sécurité, elle produisait des rapports réguliers sur différents sujets, y compris le comportement des forces militaires vis-à-vis des civils et le fonctionnement du système judiciaire. Au moment de sa suspension, l’Opération sur le terrain des Droits de l’Homme était sur le point de publier deux rapports décrivant les tueries de civils aussi bien par les troupes gouvernementales que par les rebelles en 1997 et au premier trimestre de 1998. HRW et la FIDH en appellent à l’Opération sur le terrain des Droits de l’Homme des Nations-unies pour publier ces rapports avant de mettre un terme à ses activités au Rwanda. En plus de l’observation de la situation actuelle des droits de l’Homme, l’HRFOR a apporté une assistance technique importante au système judiciaire et contribué aux efforts d’éducation aux droits humains des Rwandais.

Les Etats-Unis et les pays membres de l’Union européenne ont été soucieux d’assister le gouvernement du Rwanda dans sa reconstruction du pays, mais ils ne peuvent sérieusement poursuivre dans cette voie sans porter un regard attentif à la situation des droits de l’Homme dans le pays. Avec la fermeture du Bureau des Nations-unies pour les Droits de l’Homme, les enquêtes fiables sur les allégations de violations des droits humains seront significativement réduites. Ce changement rendra l’investigation sérieuse sur l’évolution de la situation des droits humains plus difficile, mais certainement pas moins nécessaire.

En 1997, le gouvernement rwandais a persuadé la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU de mettre un terme au mandat de Rapporteur spécial arguant du fait que ce travail d’observation était réalisé par l’HRFOR. HRW et la FIDH insistent pour que la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU rétablisse un mandat d’observation à un Rapporteur spécial puisque maintenant un terme est mis à l’Opération sur le terrain.

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