la FIDH et l’OCDH appellent à l’arrêt des hostilités dans le Pool

04/12/2002
Communiqué

Depuis sept mois, les populations de la région du Pool, au Sud de Brazzaville, vivent un véritable calvaire : villages dévastés, pillages, absence de procès, viols, exécutions sommaires... Ces souffrances constituent les seuls résultats perceptibles de la solution militaire telle qu’elle a été adoptée par le pouvoir en place.

Le 18 novembre, en réponse au plan de paix proposé par des ressortissants du Pool, le Président de la République Denis Sassou Nguesso a simplement demandé aux rebelles Ninjas de déposer leurs armes et se rendre en empruntant un couloir humanitaire. Les Ninjas ont jusqu’au 18 décembre prochain pour sortir du Pool. Le Président de la République s’est personnellement engagé à garantir leur sécurité.

Paradoxalement, une semaine plus tard, des personnes originaires de Moutampa, district de Mbandza-Ndounga dans le Pool, ont été abattues par des éléments de la force publique après avoir été l’objet de tortures. Un rescapé de treize ans a pu témoigner de ce massacre qui a conduit à l’exécution de neuf personnes parmi lesquelles : Mvila Armand, 34 ans, chauffeur de taxi, Nsounga Albert, pêcheur, Mayanda Aymand, 17 ans, Boukouta Eric, 29 ans etc.

En outre, le marché de Kinkala aurait été bombardé par des hélicoptères de combats, causant plusieurs morts et blessés graves. De même, un site de personnes déplacées a également subi ce genre de bombardements, notamment dans le village de Yangui, à seize kilomètres de Kinkala et soixante-quinze kilomètres de Brazzaville.

Par ailleurs, la FIDH et l’OCDH sont aujourd’hui sans nouvelles du Général Bouissa Matoko, actuellement détenu à Kinshasa dans un lieu tenu secret, alors qu’il sortait de la forêt du Pool, pour semble-t-il, une mission de médiation avec le Pasteur Ntoumi.

Devant cette situation alarmante et incertaine, la FIDH et l’OCDH lancent un nouvel appel à la paix au Congo-Brazzaville et interpellent l’opinion internationale sur la précarité dans laquelle vivent les populations et plus particulièrement celles du Pool. Afin de garantir à ces populations le droit à la vie et à la dignité, la FIDH et l’OCDH appellent à :

 un arrêt immédiat et définitif des bombardements aveugles et toute autre forme de violence sur les populations civiles, le recours à la violence ayant donné la preuve de ses limites dans la résolution de la crise.

 La cessation effective des hostilités et la nécessité de trouver enfin une solution globale à la crise congolaise en général et dans le Pool en particulier en vue de garantir une paix durable au Congo-Brazzaville.
 Identifier et sanctionner les auteurs de massacres et autres violations des droits de l’homme et des libertés fondamentales.
 Plus généralement, un respect effectif des engagements du Congo en matière de protection des droits de l’homme.
 Enfin, la FIDH et l’OCDH appellent à la libération du Général Bouissa Matoko par les autorités de la République démocratique du Congo, et à défaut, l’engagement d’une procédure judiciaire à son encontre dans les règles du droit à un procès équitable.

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