Hommage de la FIDH lors des funérailles de Nganatouwa Goungaye Wanfiyo

Maître Goungaye n’a eu de cesse de dénoncer et combattre les violations des
droits de l’Homme commises dans son pays et sur le continent africain. Avocat
brillant et d’une grande intégrité, il a œuvré sans relâche en faveur d’une
justice indépendante, équitable et juste dans son pays.

Sans concession, incorruptible et foncièrement indépendant, Goungaye se
distinguait par son franc­parler et son courage à dénoncer, inlassablement, les
crimes qui se répètent en Centrafique, à dénoncer leurs auteurs, tous leurs
auteurs. Il a toujours été aux côtés des victimes, les laisser pour compte, les
sans droit, les sans voix. Il s’est battu pour que la parole de ces femmes et
ces hommes soit entendue, pour que leurs droits légitimes soient reconnus et
enfin respectés.

Convaincu, comme nous tous , qu’il n’y a pas de paix sans justice, le
président de la Ligue centrafricaine, notre ami et frère, s’est engagé, sans
merci pour que la Cour pénale internationale ouvre une enquête, la seule
possible, sur les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis en
RCA et rende ainsi espoir et justice aux victimes épuisées par la guerre et ses
horreurs. Lundi prochain, il devait représenter devant la CPI de très
nombreuses victimes témoignant des exactions perpétrées par les troupes de
Jean­-Pierre Bemba sur le sol centrafricain. Lundi, nous serons à La Haye pour
continuer son combat qui est aussi le nôtre. Ses armes étaient le droit,
l’espoir d’un monde plus juste et la conviction que chacun d’entre nous pouvait
y contribuer. Son courage, son abnégation et sa probité doivent être pour nous
un exemple, un modèle et une ligne de conduite.

Goungaye a dénoncé sans relâche les jeux politiciens, l’absence de
démocratie et la corruption avec un sens de la formule qui faisait
mouche ! Encore très récemment, il dénonçait l’absence des préoccupations
des victimes au sein du dialogue national dans ce pays, son pays qu’il a tant
aimé, tant désireux de le voir apaisé, unifié, dans la paix, la justice et en
marche vers la démocratie et pour son développement.

Avec le sérieux, la rigueur et une certaine intransigeance qui le
caractérisait tant, il dénonçait inlassablement tous ceux qui entravaient le
chemin vers la démocratie et la paix tant souhaitées par les Centrafricains.
Pour cela aussi, il dérangeait. Ce combat lui a valu de se faire certains
ennemis, parmi les autocrates et autres puissants d’Afrique et d’ailleurs.

Pour l’ensemble de ses activités, Goungaye était non seulement victime de
campagne de dénigrement, mais faisait également l’objet de nombreuses menaces
et tentatives d’intimidations. Il avait encore été arrêté récemment de façon
tout à fait arbitraire.

Mais son travail, Goungaye le menait avec courage, abnégation, parfois même
au péril de sa vie. Il le savait. Il disait qu’il ne se tairait pas. Il ne
s’est jamais tu.

Le décès de Maître Goungaye endeuille les 155 organisations membres de la
FIDH, endeuille tous les défenseurs de la liberté, de la justice, et de la
démocratie. Les témoignages rappelant sa droiture, son courage, sa valeur et le
respect qu’il inspirait affluent de toute l’Afrique, d’Europe et du reste du
monde. L’exemplarité de son combat doit nous animer.

Sa disparition doit mobiliser l’ensemble de la communauté internationale, la
société centrafricaine en faveur de la paix et du respect des droits de l’Homme
pour que l’idéal porté par Maître Goungaye soit enfin une réalité en
Centrafrique.

A la FIDH, nous nous souviendrons de son air si sérieux et de ses sourires,
de son verbe cinglant, de son intégrité et de sa profonde humanité. Il nous
manque terriblement...

La FIDH portera son combat, en sa mémoire, aux côtés de la ligue
centrafricaine et de tous les défenseurs des droits de l’Homme
Centrafricains.

Maître Goungaye est mort debout, il aura notre éternel respect et notre
admiration. Salut à toi, notre collègue, notre ami et frère, repose en paix,
celle que tu as tant défendue et tant chérie.

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