Le pouvoir à tout prix : Répression systématique et impunité

10/06/1999
Rapport
RDC

La situation de la République Démocratique du Congo
en matière de droits de l’Homme n’a guère évolué
depuis l’accession au pouvoir de Monsieur Kabila, et
s’est encore aggravée depuis le début du conflit avec
les Forces rebelles en août 1998.
Le Gouvernement de Monsieur Kabila, Président de la
République auto-proclamé, semble avoir fait des
violations des libertés fondamentales une politique
systématique. De l’incitation à la haine raciale, ayant
pour résultat la mort de plusieurs centaines de
personnes, en passant par les arrestations et les
détentions arbitraires, la pratique quasi systématique
des mauvais traitements et de la torture dans les lieux
de détention, les procès inéquitables, l’interdiction de
toute vie politique autre que celle inféodée au pouvoir,
le recrutement d’enfants dans les forces armées,
jusqu’au harcèlement systématique des défenseurs de
droits de l’Homme, le Gouvernement congolais s’est
montré incapable et surtout peu désireux de protéger
les droits élémentaires de sa population.
Parallèlement, les rebelles du Rassemblement
congolais pour la Démocratie (RCD) ont commis des
crimes de guerre dans le cadre de leur tentative de
prendre le pouvoir, et se sont notamment rendus
coupables de massacres de civils, de disparitions
forcées et d’arrestations arbitraires, y compris à
l’encontre des défenseurs des droits humains.
L’inertie de la communauté internationale face à la
situation dramatique que vivent actuellement les
populations civiles de la République démocratique du
Congo a pour effet premier de convaincre les
dirigeants politiques du pays qu’ils peuvent poursuivre
leurs abus en toute impunité. Si les parties au conflit
ne prennent pas de dispositions concrètes afin
d’assurer le respect des libertés fondamentales et les
poursuites des auteurs des violations des droits de
l’Homme, la situation se dégradera encore davantage,
et risque de s’étendre aux pays voisins. De même, si
la communauté internationale n’impose pas à ses
interlocuteurs des mesures fermes afin d’assurer le
rétablissement de l’Etat de droit en RDC, en
conformité avec les instruments internationaux et
universels de protection des droits de l’Homme, elle
courra le risque de voir se perpétuer une situation
dramatique pour les populations civiles, source
d’escalade de la violence dans la région toute entière.
Le rapport annuel de l’ASADHO, organisation affiliée à
la FIDH en République démocratique du Congo,
présente avec précision le système de répression mis
en place par les nouvelles autorités contre toutes les
voix discordantes afin d’instaurer un système qui
assure la toute-puissance du régime et pérennise la
culture de l’impunité et de l’irresponsabilité qui règne
depuis plusieurs décennies dans ce pays.
L’ASADHO, première victime du régime de Kabila
puisque ses principaux dirigeants ont été directement
menacés, ses locaux fermés, et l’organisation
interdite, a fait, à l’occasion de la sortie de son
rapport annuel, un travail remarquable de recensement
des violations des droits de l’Homme et des libertés
fondamentales en République Démocratique du Congo.
Sans complaisance, l’ASADHO joue ici pleinement son
rôle de contre-pouvoir, base fondamentale de la
vocation de toute organisation de défense des droits
de l’Homme.

Patrick Baudouin

Président de la FIDH

L’année 1998 a amenuisé tout espoir du peuple
congolais de voir le changement politique, économique
et social vanté lors de la chute du régime Mobutu : le
plein respect des droits de l’Homme, la réhabilitation
du pouvoir judiciaire et le rétablissement de la
confiance entre le peuple et son armée.

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