Une guerre prétexte au pillage des ressources et aux violations des droits de l’Homme

10/06/2004
Rapport
RDC

Le temps s’est arrêté de tourner en République Démocratique du Congo. C’est la situation décrite par l’ASADHO dans
son rapport annuel qui couvre l’année 2000. Aucune amélioration n’a été constatée s’agissant de la protection des droits
de l’Homme et des libertés fondamentales.
Assassinats, exécutions extrajudiciaires et sommaires, disparitions forcées, pratique systématique de la torture ou des
mauvais traitements, crimes de guerre et même crimes contre l’humanité, telle est la réalité quotidienne endurée par les
populations congolaises.
L’assassinat du Président Laurent Désiré Kabila a soulevé quelques espoirs de changements. Malheureusement, ils ont
été de courte durée. Si Joseph Kabila, le fils de l’ancien Président, est perçu sur la scène internationale comme pouvant
faciliter l’application des accords de paix de Lusaka, il semble pourtant qu’il ne soit pas en mesure de contrôler ses
services de sécurité sur le terrain. Les arrestations continuent, la pratique de la torture est systématique, la presse est
muselée, les défenseurs des droits de l’Homme harcelés, menacés et certains d’entre eux continuent d’être détenus.
Aucune amélioration n’est constatée non plus sur les territoires contrôlés par le Rwanda et l’Ouganda. Les droits de
l’Homme sont systématiquement bafoués et le pillage des ressources continue.
La guerre constitue pour toutes les parties au conflit, la justification idéale pour continuer à perpétrer en toute impunité
les crimes les plus graves.
Le cessez-le feu est fragile. La communauté internationale doit mobiliser davantage de moyens pour le faire respecter ;
elle doit également imposer l’application du droit international aux parties. La paix est nécessaire, et elle doit
s’accompagner d’un processus judiciaire qui permettrait de lutter efficacement contre l’impunité absolue qui couvre
actuellement les actes des autorités parties au conflit.
L’exigence de justice est commune à toutes les organisations de défense des droits de l’Homme qui agissent au nom
des victimes. Elles doivent être soutenues par la communauté internationale dans leur combat quotidien. Il s’agit d’un
soutien indispensable contre l’arbitraire et la politique de répression systématique menée au Congo. Le conflit n’a que
trop duré en RDC ; la communauté internationale a les moyens d’exiger la paix et la justice. Elle doit maintenant les
mettre en œuvre.

Sidiki Kaba

Président de la FIDH

Alors qu’elles font tout ce qui est en leur pouvoir pour
éloigner chaque jour le pays de l’espoir d’un règlement
pacifique de la crise dans l’esprit des "Accords de
Lusaka", les autorités gouvernementales et rebelles qui se
partagent le contrôle du territoire emploient également des
méthodes identiques dans la commission des violations
des droits de l’Homme. Certaines formes parmi les plus
inacceptables de ces abus des droits de l’Homme
apparaissent en effet comme la mise en oeuvre d’une
politique délibérée tendant à rendre impossible
l’application des Accords de cessez-le-feu signés à Lusaka
en juillet 1999.
En juillet 2000, l’Asadho a publié un rapport couvrant le
premier semestre de l’année. De sérieuses inquiétudes y
étaient alors exprimées sur la situation alarmante des
droits de l’Homme. Le présent rapport indique que non
seulement la situation continue à empirer depuis le début
du second semestre, mais que les abus des droits de
l’Homme commis par toutes les parties le sont dans le but
principal d’étouffer les tentatives de règlement de la guerre
dont le prolongement semble vivement souhaité par tous
les belligérants...

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