République Démocratique du Congo : L’Affaire Chebeya / Bazana, deux ans déjà

31/05/2012
Communiqué
RDC

A l’occasion du deuxième anniversaire de l’assassinat de Floribert Chebeya Bazire, directeur exécutif de la Voix des sans Voix (VSV) et membre de l’Assemblée générale de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), et de Fidèle Bazana Edadi, membre de VSV en République Démocratique du Congo (RDC), la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) se joint aux familles et aux défenseurs des droits de l’Homme congolais pour commémorer leur brutale disparition le 1er juin 2010.

« En ce triste anniversaire, nous nous associons aux proches et collegues de MM. Floribert Chebeya et Fidèle Bazana pour commémorer la mémoire de ces défenseurs des droits de l’Homme qui n’ont eu de cesse de lutter pour plus de justice en République Démocratique du Congo et exiger que justice soit faite », a déclaré Mme Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. 

Convoqué, le 1er juin 2010, par le général John Numbi Banza Tambo, inspecteur général de la police nationale congolaise (IG/PNC), Floribert Chebeya avait été retrouvé sans vie le 2 juin au matin dans son véhicule tandis que Fidèle Bazana était porté disparu. A la suite de l’enquête, la Cour militaire de Kinshasa-Gombe a ouvert un procès le 12 novembre 2010 sur l’assassinat de Floribert Chebeya et la disparition de Fidèle Bazana. Bien que, le 23 juin 2011, la Cour ait condamé cinq des huit policiers inculpés [1], la FIDH déplore une fois encore que les nombreux dysfonctionnements ayant entravé la justice à l’époque n’aient pas été corrigés par une réouverture de l’enquête, des mesures d’instructions complémentaires et un nouveau procès. En effet, deux ans après les faits, le corps de Fidèle Bazana n’a toujours pas été restitué à sa famille, la responsabilité pénale du général Numbi n’a toujours pas été examinée et trois des condamnés à mort [2] sont toujours en fuite. 

« La Cour militaire avait reconnu dans son jugement la responsabilité civile de l’Etat congolais dans ce double assassinat, en ce que les faits avaient été commis par plusieurs de ses agents. Nous appelons donc les autorités congolaises à prendre leur responsabilités et à faire preuve de plus de volontarisme dans la protection des défenseurs des droits de l’Homme dans le pays », a affirmé Me Patrick Baudouin, avocat et président d’honneur de la FIDH.

Du 10 au 30 juillet 2012, le film documentaire « L’affaire Chebeya, un crime d’État ? » réalisé par le journaliste belge M. Thierry Michel sera diffusé dans plusieurs villes et provinces du pays (Kinshasa, Kisangani, Bukavu, Lubumbashi). Ces projections, organisées conjointement avec plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme dont les organisations membres de la FIDH, ainsi que des missions et institutions diplomatiques, permettront de retracer la procédure judiciaire et le procès à l’encontre de plusieurs membres des forces de l’ordre suspectés du double assassinat de MM. Floribert Chebeya et Fidèle Bazana. Le film est largement salué par la critique et a reçu plusieurs prix, dont notamment le Grand Prix du Festival International du Film des Droits de l’Homme 2012 de Paris. [3]

La tournée du film documentaire « L’Affaire Chebeya, un crime d’Etat ? » est l’occasion pour la FIDH de réitérer son appel pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme à travers le monde, et tout particulièrement en RDC. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT, la Ligue des électeurs (LE), l’Association africaine des droits de l’Homme (ASADHO) et le Groupe Lotus, ont lancé une pétition (disponible ici - http://www.fidh.org/RDC-L-Affaire-Chebeya-Petition ) pour demander aux autorités congolaises de revoir le procès et faire l’entière lumière sur ces crimes. En effet, trop souvent victimes de menaces, harcèlements en tout genre et autres exactions, les défenseurs des droits de l’Homme paient injustement le prix de leur combat pour les droits humains. Le double assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana en est la preuve ultime. En ce triste anniversaire, nos pensées vont vers eux, leurs familles et tous les défenseurs des droits de l’Homme de part le monde.

"En exigeant un nouveau procès et en signant cet appel aux autorités congolaises, ce sont les défenseurs des droits de l’Homme du monde entier dont on défend la mémoire et le combat quotidien" a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

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