Nouvelles entraves à la liberté de réunion

06/10/1999
Communiqué
RDC

L’Observatoire pour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme est gravement préoccupé par l’interdiction faite le 4 octobre par le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC), d’ouvrir un séminaire organisé par la société civile, qui devait débuter lundi dans le cadre de la " campagne nationale pour une paix durable ".

Ce sommet, intitulé " Atelier préparatoire au dialogue inter-congolais " était prévu pour une durée de trois jours. Environ 150 représentants de la société civile, dont de nombreux défenseurs des droits de l’Homme, issus de toutes les régions du pays, s’étaient rendus à Kinshasa pour y participer.

Le Ministère de l’Intérieur a mentionné au Comité Droits de l’Homme, collectif rassemblant plusieurs ONG de défense des droits de l’Homme, principal organisateur de la conférence, que celle-ci ne pourrait se tenir, à moins que le contenu du programme ne soit revu et qu’il ne soit fait aucune mention des Accords de Lusaka, signés dernièrement entre les principales parties au conflit en RDC.

Afin d’empêcher la tenue de cette conférence, tous les participants qui étaient logés à l’hôtel ont été " bloqués " dans leur lieu d’hébergement et l’accès à la salle de conférence a été interdit.

Récemment, et en raison notamment de la préparation de cette conférence, certains membres du Comité Droits de l’Homme et notamment son Président Paul Nsapu, avaient été l’objet de filatures et d’actes d’intimidation. Ces mêmes personnes ont été accusées par le gouvernement, d’être en intelligence avec les puissances étrangères ennemies.

De plus, plusieurs défenseurs des droits de l’Homme originaires de la partie Est du pays, contrôlée par le mouvement rebelle " Rassemblement pour la Démocratie " (RCD), avaient été empêchés de se rendre à Kinshasa, et ce, en totale contradiction avec les Accords de Lusaka, qui prévoient la libre circulation entre les deux zones du pays. Monsieur Patient Bagenda Balagizi, animateur du CEDAC/Sud-Kivu, Secrétaire général du Comité Anti-Bakwi, ancien Président du Conseil d’administration du Bureau de Coordination de la Société civile du Sud-Kivu, a ainsi été arrêté le 22 septembre, alors qu’il se rendait à Kinshasa. A ce jour, il serait encore retenu dans un hôtel à Goma, avec obligation de de se présenter quotidiennement aux services de renseignements. Au moins deux autres personnes ont été retenues de la même façon puis remises en liberté depuis lors.

Par conséquent, l’Observatoire appelle les autorités compétentes, à se conformer aux dispositions des Accords de Lusaka, ainsi qu’aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations-Unies le 9 décembre 1998 et notamment à son article 5 qui dispose qu’" aux fins de protéger les droits de l’Homme et les libertés fondamentales, chacun a le droit, tant individuellement qu’en association avec d’autres, aux niveaux national et international, de se réunir et de se rassembler pacifiquement ".

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