La résistance d’éléments armés au sein du RCD/Goma menace les efforts de paix

22/09/2003
Appel urgent
RDC

La FIDH et son affiliée congolaise le Groupe LOTUS sont préoccupés par la situation qui prévaut dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), notamment à Kisangani. Selon nos informations certains officiers du Rassemblement Congolais Démocratique (RCD/Goma) en scission avec leur mouvement, tenteraient de saper le processus de paix en cours en RDC.

Les accords de paix de Sun City signés en avril 2003, prévoient sur le plan militaire l’unification des ex-groupes armés belligérants au sein des Forces Armées Congolaises. Ainsi, les chefs militaires reçoivent de nouvelles affectations dans divers points du pays.

Pourtant, certains ex-belligérants sembleraient vouloir déstabiliser le processus de paix en cours : certaines informations signalent que les chefs militaires Laurent Nkunda, Eric Ruhorimbere et Elie Gichondo, refusaient catégoriquement d’aller à Kinshasa afin d’assurer le commandement qui leur avait été assigné par Décret Présidentiel dans le cadre du Commandement de l’armée unifiée. Ils envisageaient même de s’installer à Kisangani pour créer leur Quartier Général indépendant. Finalement, après plusieurs jours de médiation, les trois chefs militaires se seraient rendus à Kinshasa, accompagnés par la Mission des Nations unies pour la RDC (MONUC), afin de rejoindre leur nouvelle affectation.

Par ailleurs, le général Kamwanya Bora Uzima, Commandant de la 3ème Région militaire (nommé par le RCD/Goma), a été arrêté dans la nuit du 30 août 2003 à son domicile de Kisangani après une violente fusillade alors qu’il s’apprêtait, selon la plupart des observateurs locaux, à entrer en rébellion soutenu par certains éléments sécessionnistes du RCD/Goma. Le général Bora avait vu sa candidature refusée au Commandement de l’état-major de l’armée réunifié, notamment en raison de sa condamnation à mort lors du procès de l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, l’ancien président de la RDC. Transféré à Goma le général Bora a été remis en liberté le même jour.

De plus, selon certaines sources, la situation dans la région deviendrait chaque jour plus tendue et le risque de voir éclater un conflit ouvert n’est plus à écarter : le 4 septembre 2003, une cargaison de 57 caisses d’armes et de minutions était débarquée à l’aéroport de Bangboka par un avion de la Compagnie Aérienne Victoria Air en provenance de Goma et a été transportée à Kisangani sous escorte militaire. Une autre source signale le renforcement de troupes à Kisangani et ses environs. D’autres contingents seraient cantonnés vers Tingi-tingi (260 Kms de Kisangani), Lubutu (245 Kms de Kisangani) et Wanie Rukula (58 Kms de Kisangani) sur l’axe Kisangani-Bukavu. Le lundi 8 septembre 2003, une autre cargaison composée de tenues, de sacs militaires et de munitions était débarquée à l’aéroport de Bangboka par le même avion de la Compagnie Aérienne Victoria Air.

Enfin, dans un communiqué public signé le 14 septembre et diffusé sur les ondes de la radio régionale le 16 septembre 2003, le gouverneur de la province Orientale, Jean-Pierre Bilusa, sous prétexte de prévenir toute détérioration de la situation sécuritaire et « d’éviter l’anarchie », a suspendu toutes les activités des partis politiques à l’exception de son propre parti le RCD/Goma ; et ce jusqu’à l’adoption d’une loi par le Parlement de transition qui encadrerait l’activité des partis politiques.La FIDH et le Groupe LOTUS, bien que conscient de la nécessité d’agir pour remédier à l’insécurité dans la région, condamnent cette pratique discriminatoire qui entrave la liberté d’expression des acteurs politiques, laquelle fragilise le processus politique en cours. Nos organisations demandent donc au gouverneur de la province Orientale d’annuler immédiatement cette mesure.

Cette situation de forte tension politique à l’Est de la RDC fait craindre une confrontation militaire à Kisangani et dans sa région où la population à été la première victime des guerres à répétitions.

En conséquence, la FIDH et le Groupe LOTUS demandent à toutes les composantes congolaises de respecter intégralement les accords de Sun City, notamment les dispositions relatives à l’unification de l’armée.

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