Intervention orale du Groupe Lotus sur la situation des défenseurs des droits de l’Homme en République démocratique du Congo

Madame la Présidente,
Honorables commissaires,

La société civile congolaise, en général et les organisations de défense des droits de l’Homme en particulier, s’étaient investies dans le processus de paix en cours en RDC en vue de mettre fin à la guerre et d’installer les institutions politiques de la transition qui devront conduire le pays aux élections libres et transparentes et à l’instauration d’un Etat de droit.

Les quelques progrès politiques enregistrés actuellement ne s’accompagnent pas malheureusement de l’amélioration de la situation des droits de l’Homme dans l’ensemble du pays. Aux atteintes au droit à la vie, aux violations et restrictions des libertés individuelles et publiques, au non respect des droits économiques et sociaux, les différents pouvoirs contrôlent le pays, continuent de commettre des actes de harcèlement, d’attaques, d’arrestations arbitraires, des campagnes de diffamation et de dénigrement contre les défenseurs des droits de l’Homme et leurs familles.

A titre illustratif, nous vous présentons les cas suivants :

1.A Kinshasa, le 21 juillet 2003, Monsieur Nkole Mango Mosaïque, catéchumène de la paroisse "Notre Dame de Bon Sauveur" de l’église catholique, a été arrêté au cachot de Kibourango et tabassé sur ordre de l’officier, le lieutenant Akule, de la sécurité présidentielle au soupçon de faire partie du groupe de chrétiens catholiques supposés au pouvoir en place.
2.A Lubumbashi, dans la province de Katanga, le 8 septembre 2003, neuf défenseurs des droits de l’Homme de l’ASADHO et des associations chrétiennes (MM Mbuya, Bakatunyingela, Ntumba, Lumbala, Kasongo, Kashala, Manyonga, Tshibasu et Kapembe) ont été arrêtés pendant 2 jours sur ordre du maire de cette ville parce qu’ils avaient organisé une marche pacifique de protestation contre la prise en charge des enseignants par les parents.
3.Monsieur Loyombo Willy, membre du Groupe Lotus à Opala, dans la province orientale, a été interpellé, recherché et menacé de mort, du 10 octobre 2003 jusqu’à ce jour, par les agents de sécurité de D.S.R. du RCD/Goma, toujours actifs à l’est, suite à la dénonciation des abus et excès du pouvoir des autorités d’Opala vis-à-vis de la population.
4.Monsiuer Lukusa Shango de l’ONG Justice Plus, à Bunia dans l’Ituri, a vécu dans la clandestinité du mois de mai à août 2003 car recherché par la milice de l’UPC de Thomas Lumbaga suite aux dénonciations des violations des droits de l’Homme dans cette partie de la RDC.
5.L’assassinat de Monsieur Bashika Bérangi, défenseur des droits de l’Homme de l’association "Héritiers de la justice", le 20 juin 2003 par des éléments armés à Kalambi dans la province du Sud Kivu n’a jamais fait l’objet d’enquêtes judiciaires malgré la plainte de son association.

Madame la Présidente,
Honorables commissaires,

Les libertés d’action et de mouvement des défenseurs des droits de l’Homme ne sont pas totalement respectés ni garantis sur l’ensemble du territoire de la République Démocratique du Congo

C’est pourquoi il est important que votre commission veille non seulement à la mise en place d’un mécanisme régional de protection des défenseurs sur l’ensemble du continent africain, mais aussi et surtout continue à exiger du gouvernement congolais le respect des défenseurs et leur implication dans le processus de l’instauration d’un Etat de droit en RDC.

Je vous remercie de votre attention.

Dismas Kitenge Senga

Président du Groupe Lotus

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