Attaque contre le président du Groupe Lotus : Les défenseurs des droits de l’Homme à nouveau pris pour cible

19/10/2007
Communiqué
RDC

Paris- Genève, le 19 octobre 2007. La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de leur programme conjoint, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, expriment leur plus vive préoccupation au regard de l’attaque dont a été l’objet M. Dismas Kitenge Senga, président du Groupe Lotus, une organisation de défense des droits de l’Homme basée à Kisangani.

Ainsi, le 18 octobre 2007, le véhicule de M. Kitenge Senga a été bloqué par un groupe de manifestants, étudiants, au moment où il se rendait à l’université de Kisangani où il travaille. Ce groupe d’étudiants, relayant les thèses du gouvernement et du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, parti présidentiel) sur le conflit armé au Nord-Kivu, l’ont accusé de soutenir le général Laurent Nkunda [1], d’être un « traître corrompu par ces insurgés », et l’ont qualifié d’opposant au régime du Président Kabila.

Par ailleurs, ces assaillants l’ont averti qu’ils brûleraient son domicile en cas de progression des éléments du général Nkunda et ont jeté des pierres contre sa voiture. M. Kitenge a dû sortir de son véhicule et évacuer les lieux grâce à l’aide d’un groupe d’enseignants de l’université et de deux représentants d’étudiants.

Cette attaque a fait suite à l’intervention de M. Kitenge Senga sur Radio France International (RFI), le 11 octobre 2007, au cours de l’émission Appels sur l’actualité, lors de laquelle M. Senga a préconisé une solution négociée au conflit armé du Nord-Kivu, afin de consolider la paix en RDC et dans toute la région des Grands Lacs.

Le 16 octobre 2007, M. Kitenge Senga était également intervenu sur Radio Okapi (radio de la Mission des Nations unies en RDC - MONUC), lors de l’émission Dialogue entre Congolais, à propos du rejet de la motion de défiance contre le Ministre d’état de la majorité présidentielle, Me Nkulu, par l’Assemblée nationale. M. Dismas avait reçu des appels téléphoniques de la part de certains partisans de la majorité parlementaire lui reprochant de véhiculer des analyses proches de celles de l’opposition et de ne pas être impartial.

L’Observatoire rappelle que M. Kitenge a fait l’objet, par le passé, de nombreux actes de harcèlement, menaces et campagnes de diffamation suite à ses prises de positions sur la situation des droits de l’Homme en RDC et en faveur de la paix. Notamment, son domicile a déjà été attaqué à deux reprises : en juillet 2005, des hommes armés étaient entrés par effraction à son domicile, puis s’étaient enfuis en tirant en l’air et en menaçant sa famille de revenir s’il n’abandonnait pas ses activités "politiques" ; en septembre 2005, son domicile avait été incendié par des inconnus, à la suite d’une conférence de presse lors de laquelle il s’était exprimé sur les violations des droits de l’Homme commises par des membres de la Garde républicaine à Kisangani (Cf. rapports annuels 2005 et 2006 de l’Observatoire).

L’Observatoire exprime sa plus vive préoccupation à l’égard de ces faits, qui s’inscrivent dans un contexte de très grande insécurité et d’intimidations récurrentes à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme en RDC.

L’Observatoire demande aux plus hautes autorités congolaises de garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Dismas Kitenge Senga et de sa famille et de mener une enquête complète et impartiale sur ces faits, afin d’en identifier les auteurs, de les poursuivre en justice et de les sanctionner conformément à la loi.

L’Observatoire prie également les autorités congolaises de mettre un terme à toute forme de harcèlement à l’encontre de tous les défenseurs des droits de l’Homme en République démocratique du Congo, afin qu’ils puissent exercer leur profession et mener leur activité de défense des droits de l’Homme librement et sans entrave.

L’Observatoire demande plus généralement aux autorités congolaises de se conformer, en toutes circonstances, aux instruments internationaux et régionaux de protection des droits de l’Homme, ainsi qu’aux dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les défenseurs des droits de l’Homme, qui prévoit notamment en son article 6.b que « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, d’étudier, discuter, apprécier e évaluer le respect, tant en droit qu’en pratique, de tous les droits de l’Homme et de touts les libertés fondamentales, et par ces moyens et autres moyens appropriés d’appeler l’attention du public sur la question ».

Contacts presse :

 FIDH : Gaël Grilhot : + 33 1 43 55 25 18
 OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39

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