Le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies s’inquiète de la situation dans le nord de l’Ouganda : La FIDH et la FHRI publient un rapport alternatif au rapport initial du gouvernement ougandais sur les droits civils et politiques dans le pays

30/04/2004
Rapport
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La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et la Foundation for Human Rights Initiative (FHRI) se félicitent des conclusions publiées la semaine dernière par le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies sur le premier rapport périodique du gouvernement ougandais. Les recommandations du Comité ont notamment repris nombre des préoccupations qu’avaient exprimées les deux organisations dans un rapport présenté au Comité en février 2004 (1). La FIDH et la FHRI se réjouissent en particulier des points suivants soulevés par le Comité :

1.Le manque de protection des personnes déplacées se trouvant dans des camps dans le nord du pays, et fréquemment prises pour cible par l’Armée de résistance du Seigneur (Lord Resistance Army) et les forces gouvernementales. La FIDH et la FHRI s’inquiètent en particulier de l’incapacité du gouvernement à mettre fin au conflit qui touche le nord de l’Ouganda et qui, en 18 ans, a coûté la vie à un nombre considérable de personnes, et déplacé plus de 500 000 Ougandais. Nos deux organisations s’alarment de l’absence de sécurité dans les camps de personnes déplacées. Nos organisations dénoncent par ailleurs les nombreux cas d’arrestations arbitraires rapportés dans le nord du pays, en particulier de personnes déplacées suspectées d’appartenir à la rébellion.

2.Le recours excessif à la force des représentants des forces de l’ordre, notamment les exécutions extra-judiciaires de civils, ainsi que la pratique courante de la torture dans les centres de détention, en particulier dans les établissements pénitentiaires non répertoriés que sont les « safe houses ». La FIDH et la FHRI ont signalé de nombreux cas de décès, de tortures et de mauvais traitements dans les pénitenciers. Par ailleurs, nos organisations partagent les préoccupations du Comité, qui a dénoncé la mise en oeuvre insuffisante des décisions de la Commission ougandaise des droits de l’Homme, notamment en ce qui concerne les réparations aux victimes de violations des droits de l’Homme et les poursuites judiciaires contre leurs auteurs présumés.

3.Les déplorables conditions de vie dans les prisons ougandaises, et notamment la surpopulation, l’insuffisance des installations sanitaires, la malnutrition, le manque de lits, le manque des produits et des équipements de première nécessité, ainsi que l’exploitation du travail pénitencier.

4.Les déficiences du système judiciaire. La FIDH et la FHRI s’alarment notamment des abus de juridiction, des violations des procédures judiciaires, du manque de représentation légale, du manque de formation des avocats de la défense et des mises en détention prolongées. Ces dysfonctionnements, qui ont provoqué un manque de confiance en la justice, mènent souvent à l’établissement d’une justice de « vengeance populaire ».

5.L’appel à la révision de la loi antiterroriste de 2002, qui criminalise les organisations terroristes sans pour autant établir de critères objectifs pour déterminer l’appartenance à de telles organisations.

6.La violation de la liberté de manifestation pacifique. La FIDH et la FHRI soulignent en effet qu’à de multiples occasions, la police a violemment dispersé des rassemblements organisés par l’opposition, provoquant ainsi plusieurs morts.

Par ailleurs, la FIDH et la FHRI demandent fermement l’abolition de la peine de mort et s’inquiètent des délais prolongés imposés aux prisonniers condamnés dans le couloir de la mort.

La FIDH et la FHRI appellent les autorités ougandaises à mettre en oeuvre au plus vite les recommandations du Comité des droits de l’Homme des Nations Unies.

(1) Rapport alternatif FIDH/FHRI : "Ouganda : une situation de violations systématiques des droits civils et politiques" (en anglais uniquement)

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