Audience de la condamnation à mort par lapidation d’Amina Lawal reportée au 25 mars 2003

28/02/2003
Communiqué

La Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) est extrêmement préoccupée par la situation d’Amina Lawal, Nigériane de trente ans, divorcée et mère de quatre enfants dont le dernier enfant est né en janvier 2002. Accusée d’avoir eu des relations sexuelles et conçu un enfant hors mariage, elle est poursuivie pour adultère, et à ce titre risque la condamnation à mortpar lapidation, en application de la Sharia.

L’audience en appel de son procès pour adultère a été reportée au 25 mars 2003. Condamnée à mort par lapidation le 22 mars 2002 par un tribunal de la Sharia dans l’Etat de Katsina, Amina Lawal a interjeté appel de sa condamnation. Le 27 mai 2002, la Cour d’appel de Funtua a décidé d’étudier son dossier, mais les audiences ont été plusieurs fois ajournées. Le 19 août 2002, la Cour d’appel de Funtua a confirmé la condamnation à mort par lapidation. La Cour a cependant décidé que la sentence ne serait pas appliquée avant le mois de janvier 2004 afin de permettre à Amina Lawal d’élever sa fille âgée d’un an. Le 23 janvier 2003, après qu’Amina Lawal ait fait appel de la décision, la Cour d’appel supérieure de la Sharia de Katsina a annoncé le 23 janvier 2003 que l’audience concernant la condamnation à mort par lapidation était reportée au 25 mars 2003.

La FIDH est particulièrement inquiète de la situation d’Amina Lawal, et demande à la Cour d’appel de la Sharia de Katsina de respecter de la Constitution nigériane qui consacre notamment l’interdiction de la torture et des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie.

La FIDH dénonce le prononcé et l’application de la peine de mort en général, d’autant lorsque celle-ci intervient par lapidation, et l’application des autres châtiments corporels (Hudud) que sont l’amputation de membres et la flagellation. Ces peines violent les instruments internationaux de protection des droits de l’Homme, y compris la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples, mais aussi la Constitution nigériane. La FIDH appelle ainsi aux autorités nigérianes à garantir l’intégrité physique et psychologique d’Amina Lawal, et leur demande de respecter le droit des femmes à ne pas être victimes de discriminations, conformément aux instruments internationaux de protection des droits de l’Homme ratifiés par le Nigéria.

Elle réitère par ailleurs une recommandation qu’elle avait formulée précédemment à l’intention des autorités nigérianes d’inviter la Rapporteur spéciale des Nations unies sur les violences contre les femmes et la Rapporteur spéciale de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples sur les Droits de la Femme en Afrique ; et de donner une réponse positive à la demande de visiter le Nigeria formulée par le Rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté de religion en août 2000.

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