Nigeria : Les crimes de masse de Boko Haram

Depuis le 3 janvier 2015, le groupe armé fondamentaliste nigérian Boko Haram multiplie les attaques au nord du pays, au Cameroun et au Niger, tuant plusieurs milliers de civils. Selon le rapport publié aujourd’hui par la FIDH, « Nigeria : Les crimes de masses de Boko Haram », les crimes commis par ce groupe sont constitutifs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité relevant de la compétence de la Cour pénale internationale (CPI).

Face à l’ampleur des massacres, les autorités politiques nigérianes qui ont repoussé le premier tour de l’élection présidentielle prévue le 14 février au 28 mars, doivent apporter des réponses au défi de la sécurité dans le respect des droits humains. La FIDH appelle par ailleurs la communauté internationale à soutenir les pays africains pour lutter contre le groupe armé et traduire ses dirigeants en justice. A quelques jours de l’élection présidentielle au Nigeria, les candidats doivent aussi s’engager à respecter les droits humains dans la lutte contre le terrorisme.

Le 3 janvier 2015, Boko Haram a mené une offensive de grande envergure visant la ville et la région de Baga, au Nord-est du Nigeria, dont il a pris le contrôle. Les combattants auraient systématiquement exécuté les habitants de Baga et des 16 localités de cette région qui borde le lac Tchad. Au cours de ce massacre à grande échelle plusieurs centaines de civils, hommes, femmes et enfants auraient été systématiquement exécutés. Les 10 et 11 janvier, trois attentats-suicides à Maiduguri et Potskim ont fait 28 morts dont les 4 poseurs de bombes parmi lesquels une jeune fille de 10 ans.

«  Les actions perpétrées par Boko Haram depuis 2009 au Nigeria et au Cameroun sont des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre  » a déclaré Sheila Nabachwa, vice-présidente de la FIDH. «  Le Nigeria qui a la responsabilité de juger les auteurs de ces crimes devrait saisir la CPI pour montrer sa détermination dans la lutte contre l’impunité. A défaut, c’est à la procureure de la CPI qui est compétente d’ouvrir une enquête pour ne pas laisser les victimes sans recours  » a-t-elle ajoutée.

Le 12 janvier 2015, Boko Haram a lancé sa troisième attaque depuis juillet 2014 contre la localité camerounaise de Kolofata, perdant 143 de ses hommes dans les combats. Le 18 janvier 2015, des troupes tchadiennes sont entrées au Cameroun pour soutenir les troupes camerounaises. Le 25 janvier 2015, Boko Haram a lancé une offensive majeure sur Maiduguri, la capitale de l’État du Borno, alors que la ville de 1 million d’habitants est menacée par les islamistes depuis plusieurs mois. Début février, les hommes de Boko Haram ont attaqué la ville de Fotokol au Cameroun exécutant des centaines de civils. « Boko Haram constitue une menace non seulement pour le Nigeria et la région, mais également pour l’ensemble du continent », a reconnu la présidente de la Commission de l’Union Africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma.

«  Combattre Boko Haram n’est plus seulement l’affaire du Nigeria, ce doit être une priorité internationale appelant une mobilisation du Conseil de sécurité des Nations unies, de l’Union africaine et de la communauté internationale tout entière  » a déclaré Karim Lahidji, président de la FIDH. «  Le monde doit s’engager aux côtés de l’Union africaine et des pays concernés pour apporter une réponse cohérente aux menaces terroristes des groupes fondamentalistes au Sahel, de la Mauritanie à la Somalie en passant notamment par la Libye, le Nigeria, le Mali et le Cameroun  » a-t-il ajouté.

La FIDH avait appelé l’organisation panafricaine à garantir une paix et une sécurité en Afrique fondées sur les droits humains et la justice notamment contre Boko Haram. Les chefs d’États de l’Union Africaine ont décidé, le 29 janvier 2015, au Sommet d’Addis Abeba, de doter la Force multinationale mixte (FMM) chargée de combattre Boko Haram, de 7500 militaires et personnels ainsi que d’un mandat de 12 mois.

Lire le rapport de la FIDH, « Nigeria : Les crimes de masses de Boko Haram »

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