La situation des femmes du Niger préoccupe les Nations unies

20/06/2007
Communiqué

Suite à la présentation, le 29 mai 2007 par l’Etat du Niger de son rapport initial sur l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Convention CEDAW), la FIDH et son organisation membre au Niger, l’Association nigérienne pour la défense des droits de l’Homme (ANDDH), se félicitent de l’adoption par le Comité [1] , de recommandations à l’intention des autorités nigériennes.

A l’occasion de la 38ème session du Comité et à la suite d’une mission internationale d’enquête de la FIDH effectuée au Niger en février dernier, la FIDH et l’ANDDH avaient soumis aux experts une liste de préoccupations mettant en évidence la persistance dans ce pays de pratiques discriminatoires à l’égard des femmes. Les recommandations adressées à l’Etat du Niger par le Comité reprennent largement les préoccupations soulevées par la FIDH et l’ANDDH.

Le Comité a en effet regretté la persistance de stéréotypes de genre légitimant des pratiques traditionnelles telles que les mariages forcés ou précoces, les mutilations génitales féminines, les violences domestiques, la traite des femmes et la répudiation, pratiques encore largement répandues dans le pays. L’insuffisance et la faible application des lois existantes remettent également en question les droits des femmes à l’héritage, leurs droits dans le cadre du mariage ou au sein de la famille.

Aussi, les experts du Comité ont-ils exhorté l’Etat du Niger à adopter dans les plus brefs délais un Code de la famille intégrant les dispositions de la Convention CEDAW afin de contribuer efficacement à la lutte contre les pratiques traditionnelles discriminatoires.

Les experts du Comité ont par ailleurs déploré la persistance de pratiques dont les femmes sont les premières victimes, telles certaines pratiques esclavagistes. En effet, malgré l’adoption en 2003 d’une loi criminalisant cette pratique, l’esclavage et l’exploitation sexuelle des femmes et des jeunes filles restent des phénomènes courants.

Le Comité a également regretté que, malgré la loi adoptée en 2000 pour accroître la représentation des femmes au sein de l’Etat, celles-ci restent largement minoritaires au sein des instances gouvernementales. Il a par conséquent appelé l’Etat à prendre des mesures visant à accélérer l’égale participation des femmes aux postes décisionnels du gouvernement.

Enfin, le Comité a insisté sur l’importance de mettre en place des dispositifs visant à faciliter l’accès des femmes à la justice devant les tribunaux. Un meilleur accès à la justice leur permettrait en effet de faire valoir leurs droits garantis par les instruments de protection des droits des femmes ratifiés par le Niger telle la Convention CEDAW. Pour que celle-ci soit effective, le Comité à appelé les autorités à lever les réserves émises aux articles fondamentaux que sont les articles 2 et 16 (prohibition de la discrimination à l’égard des femmes et droits égaux dans le cadre du mariage).

La FIDH et l’ANDDH appellent le Niger à mettre en place des programmes de sensibilisation aux mécanismes de protection des droits des femmes ainsi qu’à diffuser largement les recommandations adoptées par le Comité.

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