La FIDH et l’ANDDH appellent à la libération immédiate et sans condition du journaliste nigérien Moussa Kaka

01/10/2007
Communiqué

La FIDH et son organisation membre au Niger, l’Association nigérienne de défense des droits de l’Homme (ANDDH) dénoncent l’inculpation et l’incarcération du journaliste nigérien Moussa Kaka, pour « complicité d’atteinte à l’autorité de l’Etat » du fait de ses liens présumés avec la rébellion touareg dans le nord du pays, un crime pour lequel il encourt la prison à perpétuité.

Le 20 septembre 2007, Moussa Kaka, directeur de la station privée Radio Saraouniya, correspondant au Niger de Radio France Internationale (RFI) et de Reporters sans frontières a en effet été arrêté et placé en garde à vue sans être présenté au parquet et sans que, comme l’exige pourtant la loi, le procureur ne lui notifie les raisons de son incarcération.

Ce n’est qu’après avoir passé trois jours en garde à vue que Moussa Kaka a été mis à disposition à la prison civile de Niamey sans mandat de dépôt puis présenté à un juge d’instruction qui l’a inculpé de « complicité d’atteinte à l’autorité de l’Etat » en raison de ses liens présumés avec les membres de la rébellion touareg du Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ). Les autorités nigériennes reprocheraient en effet à Moussa Kaka d’avoir établi des contacts téléphoniques avec les membres de cette rébellion avec lesquels il monnaierait ses services. Or, à l’évidence, aucun élément de preuve n’a été produit à l’examen du dossier d’instruction selon son Conseil.

« Pour un journaliste, prendre contact avec les différents acteurs d’un conflit ne peut en aucun cas porter atteinte à l’autorité de l’Etat. Moussa Kaka, est par conséquent un prisonnier d’opinion qui a été arrêté parce qu’il exerçait son travail de journaliste. Son incarcération entrave une fois de plus la liberté de la presse dans notre pays » a déclaré Khalid IKHIRI, président de l’ANDDH.

La FIDH et l’ANDDH considèrent que les activités menées par Moussa Kaka dans l’exercice de ses fonctions de journaliste ne justifient en rien les charges retenues contre lui.

Par conséquent, la FIDH et l’ANDDH appellent :

 À la libération immédiate et sans conditions du journaliste Moussa Kaka ;

 Les autorités nigériennes à se conformer aux dispositions de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples et en particulier à son article 9 (2) qui stipule que « toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions », de même qu’aux dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, en vigueur au Niger depuis 1986, et en particulier à son article 19 (1) qui stipule que « nul ne peut inquiété pour ses opinions » et 19 (2) selon lequel « toute personne a droit à la liberté d’expression ; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix ».

 Le Rapporteur Spécial de la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples sur la liberté d’expression en Afrique, chargé entre autres d’assurer le suivi du respect de la liberté d’expression sur le continent africain, de condamner l’arrestation et l’inculpation de Moussa Kaka.

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