Maputo, Paris, 28 octobre 2024. Au Mozambique, lieu d’importantes manifesations, la police est en train de commettre des violations des droits humains à une échelle massive. La police de la République du Mozambique (PRM) est accusée d’avoir tué 11 personnes selon les observateurs de CDD, qui affirment aussi qu’elle aurait perpétré de nombreuses autres violations des droits humains. À travers le pays, 452 personnes seraient en détention, dont beaucoup n’auraient pas participé directement aux manifestations, tandis que d’autres sont mineures ou considérées comme vulnérables. Par peur de représailles de la part de la police, des dizaines de personnes blessées sont contraintes d’être soignées à domicile. Le CDD, en collaboration avec le Mozambican Bar Association (OAM), s’est fortement mobilisé pour la libération des personnes détenues. À ce jour, 85 personnes ont été libérées.
L’accès à la justice obstrué
Au-delà de la rue, la répression s’étend aux commissariats et aux bureaux des procureur·es, où l’accès à la justice a été systématiquement bloqué. Les avocat·es sont confronté·es à des mesures arbitraires et illégales de la part des officiers, entravant l’accès à leurs client·es détenu·es, entravant ainsi le travail de la défense. Il incombe au bureau du procureur d’assurer et de contrôler la légalité des détentions et des conditions de garde à vue. Pourtant, les organisations de défense des droits humains signalent que les procureur·es sont souvent absent·es des postes de police, impliquant de facto une complicité dans les abus et renforce un climat d’impunité pour le non-respect des droits des détenu·es.
Invoquant des « instructions supérieures », ces procureur·es s’abstiennent de superviser les détentions, entravant ainsi l’application équitable de la loi et favorisant les pratiques abusives. Dans le district de Marracuene par exemple, 14 personnes étaient détenues depuis le 24 octobre, dépassant la durée légale de détention et constituant donc une détention illégale. La commandante locale a catégoriquement refusé l’accès aux avocat·es, disant qu’elle attendait les ordres du commandement provincial, violant ainsi les droits fondamentaux à la défense et à la transparence.
Appel à la communauté internationale
La FIDH et le CDD appellent à un arrêt immédiat des violences policières et à la libération de toutes les personnes injustement détenues. Elles exhortent la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement mozambicain afin qu’il respecte les droits fondamentaux et autorise les manifestations pacifiques sans interférence violente. L’accès à la justice doit être impérativement garanti et la responsabilité des forces de sécurité doit être engagée pour tout abus commis à l’encontre d’un·e citoyen·ne mozambicain·e. La paix, la justice et la dignité sont en jeu pour le peuple mozambicain.