Lettre ouverte à Monsieur Maaouya Ould’ Sid Ahmed Taya

11/01/2002
Rapport

Président de la République Islamique de Mauritanie

Monsieur le Président,

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) tient à vous exprimer sa plus vive préoccupation concernant la dissolution du parti Action pour le changement (AC), principal parti d’opposition depuis les dernières élections législatives et municipales, pour " atteinte à l’unité de la nation, incitation à l’intolérance par un discours raciste et extrémiste ".
La dissolution du parti présidé par Messaoud Ould Belkheir prononcée le 2 janvier 2002 par le Ministre porte parole du gouvernement porte atteinte aux libertés d ’expression et d’association reconnues par les normes internationales relatives aux droits fondamentaux de la personne humaine souscrites par la Mauritanie.
Selon nos informations, ce sont en réalité les prises de position des députés de ce parti sur, notamment, le retour des déportés de 1989, la question de l’esclavage et les dénonciations de toutes formes de discrimination dont sont l’objet les descendants d’esclaves et les négro-mauritaniens, qui ont motivé cette décision.
La dissolution de ce parti nous paraît d’autant plus dommageable pour un processus de transition démocratique qu’elle survient après l’interdiction des partis ATTALIA et UFD/ère nouvelle de Ahmed Ould Daddah et la détention, dans des conditions préoccupantes, de cheikh Chbih ould Malaïnine, le Président du Parti du Front Populaire (FP).
La FIDH craint que ces mesures ne démontrent une nouvelle fois une volonté du gouvernement mauritanien de museler l’opposition et de réduire à la plus simple expression toutes les velléités de dénonciation des violations des droits de l’Homme en Mauritanie d’autant que les initiatives visant à renouer le dialogue social en vue de parvenir à un meilleur respect des libertés fondamentales et des droits de l’Homme n’ont pas été suivies d’effet.
La FIDH demande l’annulation de toutes les mesures d’interdiction frappant les partis politiques en violation des engagements internationaux de la Mauritanie et de la Constitution mauritanienne elle-même.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

SIDIKI KABA
Président

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