« La justice malienne doit ouvrir au plus vite une information judiciaire pour enquêter sur ces crimes commis à l’encontre des femmes et filles lors du conflit au nord du pays », ont déclaré nos organisations. « Cela doit constituer une priorité pour les autorités judiciaires et politiques maliennes » ont-elles ajoutées.
Bien que de nombreuses informations judiciaires aient été ouvertes au Tribunal de première instance de la Commune III de Bamako à l’encontre de responsables présumés des graves violations des droits humains perpétrées dans le nord du Mali au cours du conflit armé, nos organisations continuent de déplorer que les charges retenues jusqu’à présent portent quasi-exclusivement sur des faits de terrorisme ou d’associations de malfaiteurs, excluant ainsi les violations des droits humains perpétrées. Les charges de viols et d’autres formes de violences sexuelles, constitutives de crimes contre l’humanité et crimes de guerre, sont jusqu’à présent totalement absentes du champ des enquêtes.
Alors que des crimes sexuels ont été perpétrés à très grande échelle par des membres de tous les groupes armés lors du conflit, les enquêtes destinées à établir la vérité sur ces faits, à identifier les responsables et à rendre justice aux victimes doivent désormais constituer une priorité pour la justice malienne.
« Le Mali ayant incorporé dans son droit interne les qualifications de crimes contre l’humanité et crimes de guerre contenues dans le Statut de la Cour pénale internationale, il est essentiel que ces charges soient retenues par la justice malienne », ont déclaré nos organisations. « Ces qualifications permettront en effet de restituer les crimes perpétrés dans leur ampleur, en faisant la lumière sur leur caractère systématique ou généralisé » ont-elles précisées.
En janvier 2012, des groupes armés indépendantistes et djihadistes lancent une grande offensive au Nord du Mali. Face à une armée malienne désorganisée, mal équipée et déstabilisée par le coup d’État militaire du 22 mars 2012, les groupes armés parviennent en moins de 5 mois à contrôler toutes les régions du nord du Mali jusqu’à 50 km de la ville de Mopti-Sévaré, soit presque les deux tiers du pays. Au cours de leur offensive et de l’occupation des territoires conquis, nos organisations ont pu établir que des membres de tous les groupes armés, sans exception, avaient perpétré des crimes sexuels en masse en ciblant particulièrement les femmes et filles de certaines communautés.
Le 7 janvier 2013, les groupes armés notamment du MUJAO, de Ançar Dine et de Aqmi lancent une offensive en direction de Mopti qui provoque le 11 janvier la contre-attaque des Forces armées maliennes (FAMA) soutenues par les forces de l’opération Serval de l’armée française intervenues sur demande de Dioncounda Traoré, président de la transition.