Le 20 novembre 2015 à Bamako, au moins deux individus armés ont attaqué vers 7 heures du matin, le vendredi, l’hôtel Radisson Blu de Bamako et ont pris 170 clients et personnels pour cible. Au terme de plusieurs heures d’attente et d’un assaut des forces de sécurité maliennes, épaulées de forces françaises, américaines et internationales,150 personnes ont pu être secourues, mais 20 personnes ont été exécutées et 9 autres auraient été blessées par le commando armé. Deux assaillants ont été tués lors de l’assaut.
Le 28 novembre 2015 à Kidal, au Nord-est du Mali, le camp de la Mission des Nations unies de stabilisation du Mali (MINUSMA) a été la cible d’attaques à la roquette qui ont tuées deux casques bleus de nationalité guinéenne et un personnel civil. Dans la soirée, l’attaque était revendiquée par le groupe armé salafiste Ansar Dine - dirigé par Iyad Ag Ghali - via un coup de téléphone passé à l’agence France Presse par Hamadou Ag Khallini, un des responsables d’Ansar Dine.
« Nous condamnons unanimement ces attentats lâches et ignobles dirigés délibérément contre des civils et contre les forces internationales présentes dans le pays. Ces actes s’inscrivent dans la longue liste de crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis au Mali par les groupes armés, crimes qui devraient être traités judiciairement comme tels. Nous honorons la mémoire des victimes et nous associons à la douleur des blessés et des familles. »
L’attentat du 20 novembre à Bamako a été revendiqué conjointement, le 21 novembre 2015, par les groupes armés Al Marabitoune de Mokthar Belmokthar et Al Quaïda au Magreb islamique (AQMI). Ces groupes armés terroristes opèrent, sous ces noms ou d’autres appellations, dans le nord du Mali depuis la fin des années 2000. Al Marabitoune de Mokhtar Belmokhtar est issu d’une scission avec AQMI et est notamment le commanditaire des attentats de Bamako du 6 mars 2015 et de Al Amenas en Algérie en janvier 2013. Le 23 novembre 2015, un autre groupe armé terroriste, le Front de libération du Macina (FLM), a également revendiqué être, avec un autre groupe armé Ansar Dine, les auteurs de l’attentat de Bamako du 20 novembre 2015.
Ces différents groupes armés salafistes étaient particulièrement implantés dans la région de Tombouctou pendant l’occupation du Nord du Mali par les groupes armés djihadistes et indépendantistes au cours de l’année 2012. Les enquêtes menées par nos organisations ont pu démontrer que, non seulement ces groupes demeurent actifs dans la région de Tombouctou, dans le Nord et le centre du Mali, mais qu’ils se sont rendus responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Les responsables d’AQMI, d’Al Marabitoune et de Ansar Dine, dont Iyad Ag Ghali, sont d’ailleurs nommément ciblés par la plainte de nos organisations déposée devant la justice malienne le 6 mars 2015 pour les crimes commis notamment lors de l’occupation de Tombouctou et sa région en 2012. Pourtant, plusieurs dizaines de djihadistes ont été libérés dans le cadre de l’accord de paix ou d’échanges de prisonniers.
« Nous exhortons les autorités maliennes à assurer la poursuite d’une véritable politique de lutte contre l’impunité, moyen indispensable pour lutter contre le terrorisme et les graves violations des droits humains au Mali comme dans le reste du monde. La mise en place d’une stratégie judiciaire permettant de poursuivre les actes terroristes sous la qualification de crime international , en créant notamment un Pôle judiciaire spécialisé sur ces crimes, doit permettre de croiser les informations venant de la lutte contre le terrorisme, d’enquêter sur ces crimes de manière globale et cohérente et de respecter les libertés publiques. »
Ces attentats interviennent dans une période éprouvante au cours de laquelle des attaques terroristes ont été menées dans de nombreux pays comme en France, au Mali, au Niger, au Cameroun, au Nigeria, en Turquie et au Liban qui ont fait plusieurs centaines de morts et de blessés. Nous sommes solidaires de tous ces peuples, et appelons les populations à s’unir contre le terrorisme et à défendre la paix pour ne pas céder face aux actes ignobles entravant leurs libertés et les droits fondamentaux universels.