Lettre ouverte à M. Olusegun Obasanjo, Président de la République Fédérale du Nigeria

25/05/2005
Communiqué
en fr

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) souhaite, à l’occasion de votre visite en France les 24 et 25 mai 2005, rappeler l’obligation de l’Etat nigerian de juger Charles Taylor ou de le livrer au Tribunal spécial pour la Sierra Léone.

Le 4 juin 2003, le Procureur du Tribunal spécial pour la Sierra Leone a mis en accusation Charles Taylor, ex président du Libéria, comme étant responsable de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et autres graves violations du droit international humanitaire par son soutien actif aux rebelles du Front Révolutionnaire Uni au cours des dix années de guerre civile en Sierra Leone. Un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui.
Malgré cette accusation, M. Charles Taylor réside en toute impunité dans votre pays depuis le mois d’août 2003, sous votre protection.

La FIDH rappelle que compte tenu des principes établis en droit international, notamment en vertu des Conventions de Genève et de la Convention de New York contre la Torture ratifiées par le Nigéria, ce dernier à l’obligation soit de transférer Charles Taylor au Tribunal spécial, soit d’ouvrir une enquête en vue de déterminer si des poursuites pénales ou une procédure d’extradition doivent être entamées devant les tribunaux nigérians. La FIDH souligne également que le secrétaire général des Nations unies et le Conseil de sécurité ont exprimé de façon constante leur soutien au Tribunal spécial pour la Sierra Leone et demandé à tous les Etats de coopérer pleinement avec lui.

A défaut de telles démarches, "le Nigeria se rendrait complice d’un déni de justice pour les victimes d’un des conflits les plus meurtriers du continent africain", a déclaré Sidiki Kaba, président de la FIDH. Le Conseil de sécurité des Nations unies considère en outre que la liberté de M. Taylor constitue un danger pour la paix et la sécurité en Afrique constatant que ce dernier "continue de mener des activités qui compromettent la stabilité au Libéria et dans la région" (Résolution 1579 (2004)).
Ainsi, la FIDH vous demande, Monsieur le Président, d’exécuter le mandat d’arrêt international lancé par le Tribunal spécial pour la Sierra Léone afin de respecter un des principes phares de l’Acte constitutif de l’Union africaine dont vous avez la présidence, à savoir la lutte contre l’impunité sur le continent.

Je vous prie, Monsieur le Président, d’agréer l’expression de ma haute considération.

Sidiki Kaba
Président de la FIDH

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