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Kenya / CPI

Patrick Baudouin: au Kenya, «les autorités pratiquent le double langage» vis-à-vis de la CPI

Le vice-président kényan William Ruto a quitté, lundi, Nairobi pour La Haye, où il doit comparaître devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité, à partir de mardi 10 septembre. Il est accusé d'être impliqué dans l'organisation de violences politico-ethniques en décembre 2007. Le procès du président Uhuru Kenyatta est prévu en novembre prochain. Le Kenya souffle le froid et le chaud : si William Ruto accepte de comparaitre, les députés de la majorité ont demandé au gouvernement d'entamer le retrait du Kenya de la CPI. Un double langage, pour Patrick Baudouin, président d'honneur de la FIDH, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme.

Uhuru Kenyatta (à gauche) et William Ruto (à droite) attendus devant la Cour pénale internationale à La Haye, Pays-Bas.
Uhuru Kenyatta (à gauche) et William Ruto (à droite) attendus devant la Cour pénale internationale à La Haye, Pays-Bas. REUTERS/Bas Czerwinski/Pool/Files
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RFI : Pourquoi estimez-vous que le « double discours » du Kenya vis-à-vis de la CPI brouille l'image du pays ?

Patrick Baudouin : Ce n’est pas la première fois que des autorités pratiquent le double langage, surtout quand il y a des poursuites devant une juridiction internationale. On peut imaginer qu’il y a une apparence de respect de la Coup pénale internationale en ce qui concerne le vice-président du Kenya, puisqu’il envisage de se présenter. Et puis, d’un autre côté, il y a une volonté de saper absolument les fondements de cette procédure, tout simplement pour échapper à des condamnations. C’est remettre en cause la possibilité pour la justice internationale de juger ceux qui ne le sont pas et ne peuvent l’être au Kenya.

RFI : Le risque, pour vous, c’est surtout la fin éventuelle de la coopération des autorités avec la CPI ?

Le Kenya menace également de mettre un terme à la coopération - qui avait été votée aussi par le Parlement - avec la Coup pénale internationale. Il est évident que, pour le bon déroulement du procès, cela peut poser un problème majeur. Parce que « coopération », ça voulait dire, par exemple, que le Kenya devait permettre aux victimes ou aux témoins de venir à La Haye participer au procès. Il devait apporter une coopération minimum pour que ce procès puisse avoir la participation nécessaire. Et c’est là qu’il peut y avoir une entrave tout à fait regrettable.

RFI : La pression de la communauté internationale pourrait-elle faire changer la donne au Kenya ?

Je crois qu’il ne faut pas céder au découragement. Le combat d’aujourd’hui, c’est d’essayer d’obtenir que le Parlement kényan ne vote pas une loi de retrait du statut de la CPI. Pour ce faire, il faut dire aux autorités kényanes que, si elles allaient jusque là, ce serait aussi pour elles une perte de crédibilité. Parce que cela voudrait dire qu’elles veulent se soustraire à la justice internationale, là où la justice de leur pays ne passe pas. Au bout du compte, elles sont en train de lutter pour la poursuite de l’impunité. Il faudrait donc leur faire savoir qu’elles se mettraient au banc de la communauté internationale. Je pense que c’est un moyen d’action auquel les autorités kényanes peuvent être sensibles. Car, comme tous les pays, le Kenya a besoin pour ses relations économiques, politiques, stratégiques de maintenir des liens avec d’autres membres de la communauté internationale.

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