Conakry, Paris, 24 juillet 2024. C’est la fin d’un procès historique qui s’annonce, celui du massacre du 28 septembre 2009, avec un verdict attendu le 31 juillet 2024. La FIDH, l’OGDH et l’Avipa, parties civiles au procès et les plus de 736 victimes qu’ils accompagnent, attendent reconnaissance et réparation pour les immenses souffrances causées. La FIDH, l’OGDH et l’Avipa participent activement au procès depuis le 28 septembre 2022,date de son ouverture.
Le 28 septembre 2009 et les jours qui ont suivi, des agents des forces de défense et de sécurité guinéennes, dont des membres de la garde présidentielle, ont orchestré un massacre dans le stade du 28 septembre de Conakry et ses abords. Parmi les manifestant⋅es pacifiques massé⋅es dans le stade, au moins 156 personnes ont été tuées, des dizaines portées disparues et 109 femmes ont été victimes de viols ou d’autres formes de violences sexuelles y compris de mutilations sexuelles et d’esclavage sexuel.
La FIDH et l’OGDH ont réagi le jour même du massacre et accompagné les victimes sans relâche dans leurquête de justice. Le combat pour que justice soit faite et pour que la spirale de l’impunité en Guinée s’arrête n’a jamais faibli. Le verdict imminent est l’aboutissement de cette bataille judiciaire menée depuis près de 15 ans.
« Ce procès mené à son terme constituait un immense défi que la justice guinéenne a su relever. La recherche de la vérité est d’autant plus significative qu’elle est faite par la justice du pays où ont été commis les faits. Ce procès a montré que personne, pas même un ancien Président, n’est au-dessus des lois », déclare Maître Drissa Traoré, secrétaire général de la FIDH et avocat membre du Groupe d’action judiciaire de la FIDH et des victimes.
« Nous espérons un verdict condamnant fermement les accusés responsables de crimes contre l’humanité, seule qualification offerte par le droit pour rendre justice au caractère systématique et odieux des atrocités commises le 28 septembre 2009 et dans les jours qui ont suivi. Ce jour-là, des meurtres, des mutilations, des enlèvements, des viols et des violences sexuelles ont été perpétrés dans le but de terrifier et de soumettre le peuple guinéen, qu’on a tenté de briser, afin de maintenir le pouvoir par la peur », déclare Maître Martin Pradel, avocat membre du groupe d’action judiciaire de la FIDH et des victimes .
« La question des réparations pour les victimes est centrale et très attendue. La justice et l’État guinéens doivent encore faire la preuve de leur capacité à non seulement punir les responsables, mais aussi aider et protéger les personnes fragilisées, meurtries et endeuillées par ces crimes d’une autre époque », déclare Maître DS Bah, vice-président de l’OGDH et avocat coordinateur du collectif d’avocat⋅es des parties civiles.
Dans cette dernière ligne droite avant le verdict, la FIDH, l’OGDH et l’Avipa s’inquiètent de la multiplication des pressions et menaces à l’égard des membres de la société civile qui semblent constituer des actes de représailles. Les organisations rappellent que la justice doit pouvoir être rendue dans des conditions optimales de sérénité et de sécurité pour toutes les parties prenantes, y compris les défenseur⋅es des droits humains qui sont en première ligne, aux côtés des victimes et de leurs familles.
Pour plus d’informations, lire la page dédiée au procès du 28 septembre 2009 sur le site de la FIDH. Guinée : passé et avenir en reconstruction au procès du massacre du 28 septembre 2009