Le massacre au stade du 28 septembre 2009 avait fait plus de 150 morts et plus d’une centaine de femmes avaient été violées. Plusieurs organisations de défense des droits humains, aux côtés des associations de victimes ont organisé pour la première fois une commémoration au Stade du 28 septembre de Conakry où se sont déroulés les tragiques événements de 2009.
« Pour la première fois nous avons pu honorer sur les lieux même du massacre du 28 septembre 2009 la mémoire de nos parents tués et disparus » a déclaré Asmaou Diallo, présidente de l’AVIPA. « C’était un moment symbolique et historique fort que de voir les visages des victimes exposés en ce jour de mémoire » a-t-elle ajouté.
Nos organisations ont rencontré les autorités judiciaires et politiques guinéennes pour leur rappeler l’urgence et l’importance de clôturer l’instruction judiciaire dans l’affaire du massacre du 28 septembre afin d’envisager la tenue de ce procès attendu en 2017. L’instruction a déjà permis d’inculper 15 personnes dont de hauts responsables politiques et militaires du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), la junte militaire au pouvoir à l’époque des faits. Parmi les inculpés figurent notamment l’ancien président de la junte, Moussa Dadis Camara, son vice-président Mamadouba Toto Camara. Nos organisations, qui sont parties civiles dans cette affaire et accompagnent près de 450 victimes et leurs familles, appellent à l’organisation rapide du procès du 28 septembre.
« Les victimes sont toujours en attente de justice et ce procès doit permettre à la Guinée de passer une étape importante de son histoire caractérisée par la violence politique d’État en mettant un terme à l’impunité des auteurs de ces graves crimes » a déclaré Dimitris Christopoulos, président de la FIDH lors d’une conférence de presse tenue à l’issue de la mission de la FIDH. « La Guinée doit maintenant décider si elle veut replonger dans son passé récent et plus lointain par un processus de réconciliation nationale dont la justice est une étape indispensable. Mais elle doit également se prononcer sur l’opportunité de mettre en place une Commission vérité, justice et réconciliation, qui serait chargée d’entendre toutes les victimes des violences politiques en Guinée. Il s’agit de prendre en charge le passé pour envisager l’avenir » a-t-il ajouté.
Au titre de la mémoire, nos organisations ont organisé une exposition et publié un livre intitulés « Guinée : en attente de justice » inaugurés le 28 septembre 2016 en présence des victimes de toutes les répressions politiques en Guinée depuis 1958.
Nos organisations ont également organisé le 27 septembre 2016 un atelier de réflexion avec 50 parlementaires guinéens sur les enjeux et les étapes du processus de réconciliation nationale dont la mise en place d’une Commission vérité, justice et réconciliation pourrait être la prochaine étape après la tenue, en 2016, des consultations nationales sur ce sujet.
Enfin, nos organisations publient aujourd’hui un Mémorandum pour une Commission vérité, justice et réconciliation en Guinée, qui a été remis au Premier ministre, aux ministre de la Justice et de l’Unité et de la citoyenneté, ainsi qu’aux parlementaires au cours de la mission et qui présente les préconisations de la société civile dont les organisations de victimes pour le mandat et les modalités de mise en place d’une telle Commission.
« Au vu de l’histoire récente et passée de la violence politique en Guinée, nos organisations soutiennent l’établissement d’une Commission vérité, justice et réconciliation. Un tel effort de mémoire nécessite le soutien clair de tous les acteurs guinéens » a déclaré Ahmadou Tounkara, secrétaire général de l’Association des victimes du camp Boiro.