GIN 001 / 0107 / OBS 007 - Mauvais traitements / Détentions arbitraires / Libérations

24/01/2007
Appel urgent

L’Observatoire a été informé par l’Organisation guinéenne des droits de l’Homme (OGDH) et la Confédération syndicale internationale (CSI) de mauvais traitements infligés à une vingtaine de dirigeants syndicaux dont les représentants des quatre syndicales ouvrières indépendantes : Dr. Ibrahima Fofana, secrétaire général de l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), Mme Hadja Rabiatou Diallo, secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs guinéens (CNTG), M. Yamodou Touré, secrétaire général de l’Organisation des syndicats libres de Guinée (ONSLG), et M. Abdoulaye Baldé, secrétaire général de l’Union démocratique des travailleurs de Guinée (UDPG).

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d’intervenir de toute urgence sur la situation suivante en Guinée-Conakry.

Description des faits :

Selon les informations reçues, le 22 janvier 2006, de nombreux membres de la garde rapprochée du Président de la République, les Bérets rouges, conduits par le fils du Président de la République, M. Ousmane Conté, se sont rendus à la Bourse du travail où sont réunis de nombreux syndicalistes et membres d’organisations de la société civile depuis le début de la grève générale menée depuis le 10 janvier 2007, dans l’ensemble du pays (cf. communiqué de presse de l’OMCT du 19 janvier 2007 et communiqué de presse de la FIDH du 18 janvier 2007).

A leur arrivée, les Bérets rouges ont saccagé l’ensemble des bureaux et des ordinateurs et ont passé à tabac de nombreux syndicalistes à coups de crosse. Une vingtaine de dirigeants syndicaux, parmi lesquels Dr. Ibrahima Fofana, Mme Hadja Rabiatou Diallo, M. Yamodou Touré et M. Baldé, ont également été frappés, puis arrêtés et conduits dans les locaux de la Compagnie mobile d’intervention et de sécurité (CMIS). Ils n’ont été libérés que tard dans la nuit du 22 au 23 janvier 2007.

L’Observatoire exprime sa plus vive préoccupation au regard de ces faits, qui interviennent dans le cadre d’une répression d’une grande violence du mouvement social en Guinée. Ainsi, au moins 60 morts et plusieurs centaines de blessés sont à déplorer depuis le début de la crise. Cette grève générale a été déclenchée afin de protester contre l’inflation, les dysfonctionnement dans la gestion des affaires publiques et la corruption, ainsi que l’impunité qui règne dans le pays.

L’Observatoire rappelle que le 12 juin 2006, M. Fodé Bangoura, ministre d’Etat chargé des Affaires présidentielles, avait déclaré vouloir "broyer les syndicalistes", qui venaient de lancer une grève générale pour protester contre la cherté de la vie dans le pays. M. Bangoura aurait par ailleurs, à la même époque, menacé de mort M. Ibrahima Fofana, M. Louis Mbemba Soumah, secrétaire général du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG, affilié à l’USTG), et M. Ahmadou Diallo, premier secrétaire général adjoint de la CNTG.

Actions demandées :

Merci d’écrire aux autorités guinéennes et de leur demander de :

i. Garantir en toutes circonstances l’intégrité physique et psychologique de M. Ibrahima Fofana, Mme Hadja Rabiatou Diallo, M. Yamodou Touré, M. Baldé, M. Louis Mbemba Soumah et M. Ahmadou Diallo, ainsi que de tous les défenseurs des droits de l’Homme en Guinée-Conakry ;

ii. Mener une enquête indépendante et impartiale sur les faits décrits ci-dessus, afin que leurs auteurs soient identifiés et dûment jugés et sanctionnés conformément aux lois en vigueur ;

iii. Mettre un terme immédiat à tout acte de répression ou de harcèlement à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme ;

iv. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement à son article 1 qui dispose que "chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international", et son article 12.2 qui dispose que "l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration" ;

v. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par la Guinée-Conakry.


Adresses :

* Général Lansana Conté, Président de la République, Tel : + 224 41 60 16, Fax : + 224 30 41 19

* M. Alseny René Gomez, Ministre de la Justice, Garde des Sceaux, c/o Mission permanente de la République de Guinée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, 7-9 rue du Valais, 1202 Genève, Suisse. Tél. : + 41.22.731.65.55. Fax : + 41.22.731.65.54. E-mail : mission.guinea@ties.itu.int.

* M. Elhadj Moussa Solano, Ministre d’Etat, chargé des Affaires intérieures, c/o Mission permanente de la République de Guinée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève.

* M. Boubacar Diallo, Mission permanente de la République de Guinée auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, 7-9 rue du Valais, 1202 Genève, Suisse. Tél. : + 41.22.731.65.55. Fax : + 41.22.731.65.54. E-mail : mission.guinea@ties.itu.int

* Ambassadeur M. Baldé Kazaliou, Ambassade de la République de Guinée à Bruxelles, 108 BD. Auguste Reyers, 1030 Schaerbeek, Belgique, Fax : + 32 2 762 60 36 ; Tel : 32 2 771 01 26, Email : ambassadedeguinee.bel@skynet.be

***

Paris - Genève, le 24 janvier 2007

Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

L’Observatoire, programme de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.

L’Observatoire a été lauréat 1998 du prix des Droits de l’Homme de la République Française.

Pour contacter l’Observatoire, appeler La Ligne d’Urgence :
E-mail : Appeals@fidh-omct.org
Tel et fax FIDH : 33 (0) 1 43 55 20 11 / 01 43 55 18 80
Tel et fax OMCT : + 41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29

Lire la suite