Au regard des 50 années de régimes autoritaires qui ont gouverné le pays, la feuille de route des nouvelles autorités en matière des droits de l’Homme est forcément imposante. “Pour ne pas décevoir les immenses attentes de changement, nous souhaitons voir les nouvelles autorités s’engager fermement en faveur du respect des instruments internationaux et régionaux que le pays a ratifié et poser immédiatement des actes forts pour garantir aux citoyens tous ces droits”, a déclaré Thierno Sow, président de l’OGDH.
La réforme des forces de sécurité afin de mettre en place une armée républicaine et une police respectueuses des droits humains doit être le chantier prioritaire du nouveau gouvernement. La protection des droits économiques et sociaux est également un défi qui passera par la lutte contre la corruption, la gestion transparente des ressources, la restructuration des institutions sociales et la réforme du système éducatif.
Nos organisations insistent surtout sur l’urgence de réformer le système judiciaire et de respecter pleinement le droit à la justice, qui sont le ciment d’un État de droit et de la réconciliation nationale dans un pays qui connait des tensions et des déchirements ethniques. [1]
Dans ce contexte, le nouveau pouvoir doit prendre les mesures nécessaires pour que les auteurs des violations des droits de l’Homme notamment de celles commises lors du processus électoral soient sanctionnés. La procédure ouverte en février 2010 sur le massacre du 28 septembre 2009, lors duquel environ 150 civils ont été tués et une centaine de femme ont été violées, doit aller jusqu’au bout et prospérer en toute indépendance. La lutte contre l’impunité des auteurs de ces crimes doit démontrer la volonté du nouveau pouvoir d’instaurer un État de droit, notamment en rendant justice et réparation aux victimes. Nos organisations appellent ainsi à la mise en place d’une Commission vérité, justice et réconciliation qui devra faire la lumière sur les crimes politiques et les graves violations des droits de l’Homme commis depuis l’indépendance et établir les responsabilités.
“La tache des nouvelles autorités est titanesque. Mais la construction d’une démocratie apaisée et une société respectueuse des droits humains est la seule voie possible pour garantir la paix et la justice de tous les guinéens”, a affirmée Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.