"Un engagement ferme du Président Alpha Condé et de son gouvernement pour la protection des droits des femmes serait salué par tous les défenseurs des droits de la personne en Guinée et dans le monde entier. La journée du 8 mars est une formidable occasion pour le pouvoir d’exprimer sa détermination à éliminer toute discrimination entre les hommes et les femmes et à endiguer toutes violences faites aux femmes et de passer aux actes", a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.
Nos organisations sont particulièrement préoccupées par la persistance en Guinée de dispositions législatives discriminatoires à l’égard des femmes et de pratiques traditionnelles néfastes, telles que les mariages précoces et forcés et les mutilations génitales féminines ; ainsi que par l’accès limité des femmes à l’éducation, à la santé, au marché du travail, aux postes de décision et à la justice [1] .
"La Guinée fait aujourd’hui partie de la minorité des pays du continent qui n’ont pas ratifié le Protocole de Maputo, instrument fondamental pour protéger les droits des femmes africaines", insiste Hadja Fatoumata Sall, présidente de la CONAG-DCF, "En outre elle n’a toujours pas ratifié le Protocole à la CEDAW, qui permettrait aux femmes guinéennes victimes de violations, si elle n’ont pas accès à la justice nationale, de saisir le mécanisme international dédié pour faire valoir leurs droits".
Nos organisations rappellent que si les violences domestiques, tout comme le viol, constituent des infractions d’après le Code pénal, l’impunité des auteurs de ces crimes reste la règle. Elles relèvent néanmoins que les avancées récentes dans la procédure judiciaire menée contre les auteurs du massacre du 28 septembre 2009 où plus de 150 personnes ont été tuées et 100 femmes violées lors de la répression par les forces de sécurité d’une manifestation pacifique de l’opposition constituent un réel espoir dans le combat contre l’impunité en Guinée, notamment pour toutes les femmes victimes de violences sexuelles. « La procédure engagée sur les crimes du 28 septembre 2009 doit pouvoir prospérer en toute indépendance », a ajouté Abdoul Gadiry Diallo, président par intérim de l’OGDH.
Par ailleurs, un effort conséquent doit être fourni par les autorités guinéennes pour permettre l’accès des femmes à la justice rendu quasiment impossible notamment en raison du manque d’information sur les droits et les lois qui protègent les femmes, du fort taux d’analphabétisme chez les femmes, des coûts des procédures trop élevés. Le manque de formation des personnels de police et de justice souvent corrompus entrave l’aboutissement des plaintes et dissuadent les victimes de recourir à la justice pour faire valoir leurs droits.
Aussi, nos organisations appellent à des engagements forts du Président Alpha Condé et de son gouvernement quant à la ratification des conventions de protection des droits des femmes, leur transcription en droit interne et leur application effective pour lutter contre les discriminations et les violences.
Nous recommandons également aux autorités de prendre toutes les mesures nécessaires pour favoriser l’accès des femmes à l’emploi et aux postes de prises de décision.
Nous invitons enfin les hommes et les femmes à se mobiliser pour faire du message de la campagne « L’Afrique pour le droit des femmes : Ratifier et Respecter ! » une réalité en Guinée et dans le monde entier.