Situation des droits de l’Homme en Guinée Bissau

19/02/2003
Communiqué

A l’occasion de la venue à Paris du Président de Guinée Bissau, M. Kumba Yala, pour le 22e sommet France-Afrique, la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH) tient à exprimer sa plus vive préoccupation quant au durcissement du régime en Guinée Bissau depuis la dissolution du parlement en novembre 2002, et à quelques mois des élections législatives anticipées prévues le 20 avril 2003.

La FIDH appelle ainsi les autorités françaises :
 à examiner avec le Président Kumba Yala la situation des droits de l’Homme en Guinée Bissau
 à exercer les pressions nécessaires diplomatiques et politiques auprès des autorités bissau guinéennes afin qu’elles procèdent à la libération des représentants de la société civile arbitrairement détenus.

Depuis le mois de janvier 2003, de nombreuses personnalités politiques, membres ou leaders des partis d’opposition de Guinée Bissau, ont été arrêtés et détenus arbitrairement. Le 12 février 2003, Mme Vaz Turpin, députée de la Résistance de la Guinée Bissau (RGB), a été arrêtée et détenue après avoir mis en cause le Président Kumba Yala de complicité dans l’exécution de personnalités politiques en 1986, accusées d’avoir organisé un coup d’Etat contre le régime de Joao Bernardo en octobre 1985. Mme Vaz Turpin a été libérée le 14 février 2003.

Le même jour, ont été arrêtés et détenus M. Correia, ancien premier ministre, Mme Pereira, ancien ministre de l’Intérieur, M. Pereira, ancien ministre de l’Intérieur, M. Barros, ancien ministre des Finances, et M. Mendes, député, au motif de leur signature, en tant que membres du Conseil d’Etat en 1986, de l’ordre d’exécution des mêmes personnalités politiques accusées d’avoir organisé le coup d’Etat d’octobre 1985.

La FIDH est préoccupée par cette vague d’arrestations, fondée sur des faits intervenus depuis plus de quinze ans, et considère qu’elle vise à entraver le bon déroulement des élections législatives prévues en avril 2003.

La FIDH, dans le cadre de son programme conjoint avec l’OMCT, l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme, est également extrêmement préoccupée par l’arrestation, le 29 janvier 2003, du vice-président de la Ligue Bissau Guinéenne des Droits de l’Homme (LGDH), Monsieur Vaz Mane. Celui-ci a été arrêté sans mandat d’arrêt par les forces de l’ordre, après avoir participé à une émission radiodiffusée lors de laquelle il aurait critiqué le Président Kumba Yala. Aucun droit de visite ne lui a été accordé et le droit de voir son avocat lui a été refusé. De même, aucun élément ne nous est parvenu quant aux charges qui pèsent contre lui. A ce jour, il n’a toujours pas été présenté devant le juge. La FIDH et l’OMCT considèrent que cette arrestation participe des pressions exercées sur la société civile pour neutraliser toute forme de contestation.

La FIDH souligne que par cette vague d’arrestations arbitraires, la Guinée Bissau s’éloigne un peu plus des règles et principes de l’Etat de droit.

La FIDH demande ainsi aux autorités de Guinée Bissau de :
 Libérer les représentants de la société civile arbitrairement détenus en Guinée Bissau.
 Garantir le respect de la liberté d’expression, d’opinion et d’association, conformément aux instruments internationaux de protection des droits de l’Homme et notamment la Déclaration universelle des droits de l’Homme et le Pacte sur les droits civils et politiques ratifié par la Guinée Bissau.

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