Le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes exprime son inquiétude quant à la situation des droits des femmes.

31/08/2005
Communiqué

Le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes exprime son inquiétude quant à la situation des droits des femmes en Gambie.

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) se félicite des recommandations adressées à la Gambie par le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (« le Comité »)
Lors de sa 33ème session, le Comité a examiné le rapport initial et les deuxième et troisième rapports combinés de la Gambie concernant l’application de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) par l’Etat partie. Les recommandations finales émises par le Comité reprennent les principales préoccupations de la FIDH exprimées dans sa note de situation sur les droits des femmes en Gambie.[1]

Le Comité insiste sur le fait que depuis la ratification en 1993 de la CEDAW par la Gambie, les autorités nationales n’ont pas suffisamment intégré dans le droit interne les dispositions visées par la Convention. Par conséquent, l’organe des Nations unies encourage l’Etat partie à intégrer pleinement la CEDAW dans sa législation. La FIDH fait sienne cette recommandation et appelle en outre la Gambie à ratifier le Protocole facultatif à la CEDAW, permettant au Comité de recevoir et traiter des communications présentées par des individus ou groupes d’individus, dénoncant la violation par un Etat partie d’un des droits énoncés dans la Convention.

Le Comité se dit également préoccupé par l’article 33 (5) de la Constitution gambienne qui déroge au principe général de la non-discrimination : les fillettes font l’objet d’une discrimination dans le domaine de l’éducation ; les femmes sont victimes d’une discrimination en matière d’héritage et de divorce, celui-ci leur étant autorisé que dans de rares circonstances. Par conséquent, le Comité demande à la Gambie de modifier l’article 33. La FIDH demande également à la Gambie de lever ses réserves au Protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples relatif aux droits des femmes en Afrique, notamment pour les questions matrimoniales (Article 7), la transmission de la nationalité, les pratiques traditionnelles néfastes (Article 5) et le droit à l’héritage (Article 21).

Le Comité met également en lumière l’absence de législation, de politiques et de programmes traitant du problème de la violence à l’égard des femmes et en particulier la violence domestique. Le Comité demande ainsi à l’Etat partie d’adopter une loi contre la violence à l’égard des femmes permettant de poursuivre les auteurs de ces violences, conformément aux dispositions internationales de protection des droits des femmes, notamment l’observation générale n°19 du Comité.

La même recommandation a été émise concernant la pratique des mutilations génitales féminines (MGF) qui demeure largement répandue, en particulier en milieu rural. Les campagnes officielles contre les MGF n’ont pas permis de diminuer cette pratique. La Gambie doit prendre toutes les mesures nécessaires, y compris l’adoption et l’application d’une législation, pour mettre un terme aux GMF, décourager ceux qui les incitent et punir ceux qui les commettent.

Le Comité est également préoccupé par le maintien de valeurs patriarcales et de pratiques culturelles bafouant la pleine jouissance des droits des femmes, tout particulièrement en ce qui concerne l’accès à l’éducation et à la santé. La FIDH estime que les autorités nationales doivent pleinement s’engager dans des campagnes de sensibilisation sur les droits des femmes afin de changer l’image servile et parfois négative de la femme dans la société gambienne.

Le Comité reconnaît les efforts entrepris pour la représentation politique des femmes ; néanmoins, malgré l’élection de femmes aux niveaux national et local, la représentation des femmes dans la vie publique et politique et aux postes de responsabilité reste peu élevée. Le Comité encourage le gouvernement gambien à prendre toutes les mesures nécessaires, y compris des mesures spéciales temporaires, destinées à augmenter la représentation des femmes à tous les niveaux de direction.

Enfin, le Comité déplore l’insuffisance de données statistiques pour évaluer l’impact des mesures prises par les autorités gambiennes pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes et les progrès réalisés dans ce domaine. Tel est le cas de la situation des femmes sur le marché du travail, spécialement dans le secteur informel. Ainsi, le Comité demande à la Gambie d’assurer la parité homme-femme dans le travail par le biais de mesures spéciales temporaires rapportées et détaillées dans son prochain rapport.
La FIDH rappelle l’obligation de la Gambie de respecter l’ensemble des dispositions de la CEDAW. La FIDH demande aux autorités gambiennes de suivre strictement les recommandations émises par le Comité et de faire connaître au Comité les progrès réalisés quant au respect des droits des femmes dans son prochain rapport périodique prévu pour mai 2006.

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