Les autorités renoncent à la suspension d’une vingtaine d’ONG

16/01/2008
Communiqué

Paris-Genève, le 16 janvier 2008. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, un programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a été informé de la décision du ministre de l’Intérieur gabonais de revenir sans conditions sur sa décision de suspendre une vingtaine d’associations, et ce en raison de la forte mobilisation internationale en leur faveur. Le gouvernement avait annoncé le 9 janvier 2008 la suspension de ces dernières, suite à leur participation à une conférence de presse organisée par plusieurs collectifs d’associations à l’occasion du remaniement ministériel du 28 décembre 2007.

Le 9 janvier 2008, plusieurs organisations non gouvernementales gabonaises, regroupées au sein des coalitions "Publiez ce que vous payez", "Coalition contre la vie chère au Gabon", "Coalition contre les dérives sectaires au Gabon" et de la plate-forme "Environnement Gabon", avaient tenu une conférence de presse pour dresser un constat accablant de l’état actuel du Gabon en matière d’éducation, d’accès à la santé, d’infrastructures, une situation causée par la corruption endémique qui touche le pays.

Quelques heures après la tenue de la conférence de presse, le ministre de l’Intérieur gabonais, M. André Mba Obame, avait décidé la suspension immédiate d’une vingtaine d’associations, dont notamment Croissance Saine Environnement, Education Environnementale (CADDE), Afrique Horizon, Œuvrer Plus pour le Gabon, SOS Consommateurs, et Femme Environnement et Développement (FENSED), accusées d’avoir tenu des propos "politiques" lors de cette conférence de presse. Le ministre avait déclaré à la presse que le gouvernement "n’accept[ait] pas que ces associations sortent du cadre légal de leur statut pour se transporter sur le terrain des partis politiques", et avait invité ces associations à définir avec lui, dans les prochains jours, leurs domaines d’activités, les menaçant d’interdiction si elles en sortaient.

L’Observatoire se félicite de la levée des restrictions à la liberté d’association au Gabon, et restera vigilant pour que cette liberté soit pleinement respectée en faits et en droit. L’Observatoire rappelle notamment qu’en vertu de l’article 5 de la Déclaration des Nations Unies sur les Défenseurs, adoptée par l’Assemblée générale de l’ONU le 9 décembre 1998, "chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, aux niveaux national et international, [...] de former des organisations, associations ou groupes non gouvernementaux, de s’y affilier et d’y participer".

L’Observatoire rappelle également qu’en vertu de l’article 1 de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, "chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international", et que l’article 12.2 prévoit que "l’Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration".

Pour plus d’informations, merci de contacter :
FIDH : Gaël Grilhot : + 33 1 43 55 25 18
OMCT : Delphine Reculeau : + 41 22 809 49 39

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