Les négociations doivent permettre d’éviter le pire

09/01/2008
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et son organisation membre en Guinée, l’Organisation guinéenne des droits de l’Homme (OGDH) expriment leurs préoccupations concernant la situation politique en Guinée et les risques de violences et d’exactions à l’encontre des manifestants lors de la grève générale décrétée demain, jeudi 10 janvier 2008, par l’Inter centrale syndicale guinéenne (ICSG) si les négociations en cours avec le pouvoir échouent.

Alors que l’avenir du premier ministre de consensus, M. Kouyate, demeure incertain, et un an après la grève de l’ICSG dont la répression avait provoqué la mort d’au moins 200 personnes [1] la FIDH et l’OGDH craignent que l’aggravation de la crise politique et social en Guinée ne se traduise par une nouvelle flambée de violence.

L’avis de grève déposé par l’ICSG vise à contester pacifiquement les violations de l’accord trouvé à l’issu des grèves de janvier et février 2007 : limogeage du ministre de la communication, M. Justin Morel Junior ; réforme avortée pour assurer l’indépendance de la banque centrale de la République de Guinée (BCRG) et nominations contestées de nouveaux dirigeants ; absence de révision des conventions minières, etc.

En outre, la Commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les violations des droits de l’Homme et les responsabilités est restée jusqu’à présent lettre morte. Les informations reçues par la FIDH et l’OGDH font état d’un déploiement important, dans les principaux centres urbains de Guinée, des forces de sécurité et de l’armée qui avaient été les principaux responsables des nombreuses exactions perpétrées en 2007, lors des manifestations pacifiques des syndicats. Dans ce climat de tensions politiques, la FIDH et l’OGDH lancent un appel aux autorités et aux forces de sécurités guinéennes à respecter la liberté de manifestation pacifique, et rappellent qu’en tout état de cause, elles sont tenues au respect et à la protection, en toute circonstance, de l’intégrité physique des populations. Elles seront tenues comptables de leurs actes.

La FIDH et l’OGDH appellent les protagonistes à poursuivre les négociations en vue d’une solution politique durable à la crise. « Seule une solution politique négociée, respectant notamment les engagements passés, permettra au peuple guinéen d’échapper à un nouveau cycle de violence et de répression » a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH.

La FIDH et l’OGDH appellent la CEDEAO, l’Union africaine et le reste de la communauté internationale à maintenir leur pression sur les autorités guinéenne pour qu’elles respectent leurs engagements : notamment les instruments régionaux et internationaux de protection des droits de l’Homme auxquelles la Guinée est partie ; le respect de l’accord du 27 janvier 2007 ; et l’activation effective de la Commission d’enquête sur les violations des droits de l’Homme perpétrés en août 2006, et entre janvier et février 2007.

Lire la suite