Les forces de sécurité ouvrent à nouveau le feu sur la foule : 5 morts, 8 blessés graves et 5 disparus

02/12/2005
Communiqué

La FIDH et la Ligue djiboutienne des droits de l’Homme (LDDH), son organisation membre à Djibouti, condamnent fermement la répression meurtrière du 30 novembre 2005 menée par les forces de l’ordre djiboutienne à l’encontre des résidents du quartier d’Arhiba à Djibouti-ville qui a entraîné la mort de 5 personnes (dont une femme et un enfant de 11 ans), 8 blessés graves et 5 disparus.

Le 30 novembre 2005 vers 8h30 du matin, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur les habitants du quartier d’Arhiba dans la capitale djiboutienne qui tentaient de s’opposer à la destruction de leurs habitations par les pouvoirs publics. Ces derniers mènent en effet depuis le 23 novembre 2005 une campagne d’expulsion forcée sans relogement des résidents et la destruction par le feu des habitats insalubres du quartier d’Arhiba, historiquement peuplé par les dockers du port de Djibouti et leurs familles. Ces opérations sont, selon certaines sources, supervisées par le Service de la documentation et de la sécurité (SDS).

Ce nouvel acte de répression brutal à l’encontre de la population djiboutienne intervient un mois à peine après la mort d’un jeune homme de 18 ans, abattu les forces de l’ordre pour réprimer une manifestation populaire et pacifique contre l’augmentation des prix le 23 octobre 2005.

La FIDH et la LDDH rappellent que ces actes constituent des violations flagrantes de plusieurs instruments internationaux des droits de l’Homme ratifiés par Djibouti, notamment la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques qui garantissent le droit à la vie et le Pacte international sur les droits économiques sociaux et culturels qui prohibe les expulsions forcées (Article 11).

La FIDH et la LDDH sont gravement préoccupées par la situation des droits de l’Homme à Djibouti et rappellent en outre que ces violations s’inscrivent dans un contexte plus général de violations manifestes des droits fondamentaux, où travailleurs et syndicalistes sont licenciés abusivement, arrêtés et détenus arbitrairement pour l’exercice de leurs droits économiques et sociaux.

La FIDH et la LDDH demandent aux autorités djiboutiennes :

 le respect en toute circonstance du droit à la vie garanti par le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ;
 l’arrêt de la campagne de destruction des habitations sans relogement et le respect du Pacte international sur les droits économiques sociaux et culturels qui prohibe les expulsions forcées ;
 d’assurer qu’une information judiciaire soit ouverte aux fins de poursuivre et de juger le ou les auteurs et responsables de ces assassinats ;
 le respect des droits syndicaux garantis par le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et la Convention n°98 de l’Organisation Internationale du Travail, et de mettre un terme à toute forme de harcèlement et de représaille à l’encontre des dirigeants syndicaux et syndicalistes, afin qu’ils puissent mener leur activité de défense des droits de l’Homme sans entrave ;
 plus généralement, de se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998.

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