Situation de crise en côte d’ivoire

13/09/1999
Communiqué

La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) tient à exprimer sa profonde préoccupation s’agissant des situations de crise que connaît actuellement la Côte d’Ivoire.

En effet, la situation socio-politique est à ce jour gravement perturbée par une polémique visant à contester l’éligibilité, dans le cadre des prochaines élections présidentielles prévues pour octobre 2000, de l’actuel Président Henri Konan Bédié, ainsi que de son principal opposant, Allassane Dramane Ouattara. La FIDH s’associe ici à son organisation affiliée, la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO) pour rappeler que les critères d’éligibilité appartiennent, aux termes de la Constitution et du code électoral ivoiriens, au Conseil constitutionnel. La FIDH appelle par conséquent le Conseil constitutionnel à se prononcer sur ces questions, en temps voulu et en toute indépendance.

Par ailleurs, la FIDH est profondément préoccupée par la décision des autorités ivoiriennes d’interdire les manifestations de l’opposition. Le meeting du Rassemblement des Républicains (RDR) qui était prévu pour le 11 septembre, a finalement été annulé par décision d’Allassane Dramane Ouattara lui-même afin d’écarter les risques de violence pouvant émaner de l’interdiction de ce meeting par les autorités administratives. La FIDH rappelle que la liberté de réunion et d’association est un élément essentiel de l’Etat de droit et de la démocratie, et que sa limitation doit être rigoureusement fondée en droit.

En outre, la FIDH s’inquiète de la crise universitaire qui se prolonge et des arrestations qui en ont résulté. Elle prend acte des mesures d’apaisement annoncées par le Président Henri Konan Bédié, mais regrette qu’elles n’aient pas été suivies d’effets. Ainsi, à la veille d’une rentrée scolaire et universitaire qui suscite beaucoup d’inquiétudes, l’arrestation, le 17 août, du secrétaire général de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Cote d’Ivoire (FESCI), Charles Blé Goudé, fait craindre un regain de tension sur le front social. La FIDH rappelle par ailleurs qu’un autre secrétaire général de la FESCI est toujours en détention depuis plus de quatre mois. Aucun des deux détenus n’aurait été entendu par les autorités judiciaires.

La FIDH s’associe à son affiliée, la LIDHO, pour inciter les autorités ivoiriennes et la société civile à instaurer un dialogue tendant à faire respecter les lois républicaines et la démocratie, seules capables de mettre un frein aux menaces qui pèsent sur l’unité nationale et la paix sociale.

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