RSF et la FIDH transmettent des éléments nouveaux à la justice ivoirienne

Reporters sans frontières et la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) ont communiqué aujourd’hui des éléments nouveaux d’une importance capitale au Commissaire du Gouvernement, dans le cadre du procès des huit gendarmes impliqués dans l’affaire du charnier de Yopougon.

Le 3 août dernier, un tribunal militaire a reconnu " non coupables " les huit gendarmes inculpés, " faute de faits établis à leur égard ". RSF et la FIDH avaient alors protesté contre cette décision, estimant que le procès ne s’était pas déroulé dans des conditions justes et équitables. En effet, une trentaine de témoins clés n’étaient pas venus au tribunal, par peur de représailles. En outre, de nombreux manquements avaient été relevés dans le déroulement de l’instruction, notamment l’absence de confrontation entre les rescapés du charnier et les gendarmes soupçonnés.

C’est dans ce contexte que RSF et la FIDH, informés de la présence en Europe d’un des deux rescapés du charnier de Yopougon, ont tenté d’apporter une contribution significative à la recherche de la vérité, en organisant une procédure de reconnaissance sur photos des auteurs du massacre par la victime.

Dans un souci d’impartialité et d’efficacité, les photos des accusés ont été disséminées au sein d’un album comprenant 40 photos d’individus de même apparence. La reconnaissance s’est effectuée conformément à un protocole extrêmement rigoureux, garantissant des conditions de neutralité et d’impartialité. Le témoignage de la victime a ainsi été recueilli par trois personnalités indépendantes et expérimentées, et sous le contrôle d’un huissier de justice qui a établi un procès-verbal de la rencontre.

La victime, rescapée du charnier, a finalement reconnu deux photos parmi les quarante qui lui étaient présentées, correspondant à deux des gendarmes inculpés dans l’affaire du charnier, mais acquittés lors du verdict du 3 août dernier.

RSF et la FIDH avaient salué l’initiative du Commissaire du Gouvernement d’introduire un pourvoi en cassation de la décision du tribunal militaire. Dans le cadre de cette procédure en cours, et considérant les éléments d’une importance capitale en leur possession, RSF et la FIDH ont transmis aujourd’hui au commissaire du Gouvernement ainsi qu’au président de la Cour de cassation, le procès-verbal certifié par huissier de la rencontre entre la victime et nos deux organisations.

RSF et la FIDH se tiennent bien entendu à la disposition de la justice ivoirienne pour tout complément d’information et espèrent pouvoir contribuer de façon significative à l’établissement des responsabilités véritables dans cette affaire.

Le 27 octobre 2000, un charnier de cinquante-sept personnes avait été découvert à Yopougon, un quartier populaire du nord-ouest d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire. A l’occasion d’une enquête sur le terrain, la FIDH et RSF avaient "privilégié la thèse d’actes de vengeance de la part des hommes de la caserne d’Abobo". Les deux organisations avaient également ajouté que "des responsables au plus haut niveau de la gendarmerie" semblent avoir "couvert les agissements des hommes du camp d’Abobo".

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