« Nous assistons à la reconstruction du même contexte socio-politique qui a conduit aux violences post-électorales de 2010 et 2011 ; les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous sommes plus qu’en droit de nous inquiéter pour la suite des événements. »
Les autorités ivoiriennes ont une responsabilité majeure dans l’ouverture de ce dialogue ; nous redoutons une escalade de la violence d’ici à l’élection du 31 octobre et nous recommandons à la communauté internationale de s’impliquer et de peser sur les acteurs nationaux pour prévenir les violences.
De nombreuses manifestations sont organisées à travers le pays depuis l’annonce, le 6 août dernier, de la candidature de M. Alassane Ouattara pour un troisième mandat jugé « inconstitutionnel » par l’opposition politique comme civile. Elles ont parfois été brutalement réprimées par les forces de l’ordre, des manifestants sont morts. Les leaders de ces rassemblements ont été particulièrement ciblés, notamment la défenseure Pulchérie Gbalet, arrêtée après son appel à manifester pacifiquement.
Nous rappelons qu’aucun argument sécuritaire ne saurait justifier la répression violente des manifestations pacifiques et le ciblage de leurs leaders. Et nous exhortons les autorités à garantir le déroulement apaisé de l’élection, dans un climat de respect des droits humains.
Nous observons avec beaucoup d’inquiétude la cristallisation des positions des acteurs politiques et craignons la répétition des violences qui ont eu lieu pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Dans ce contexte, nos organisations se sont constituées parties civiles devant les juridictions ivoiriennes et soutiennent des victimes auxquelles justice n’a toujours pas été rendue.
Malgré l’ordonnance présidentielle d’amnistie de 2018 qui soustrait les auteurs de graves crimes commis en 2010-2011 à la justice nationale, nous maintenons nos actions devant les juridictions régionales et internationales afin que justice soit rendue aux victimes.
« Avec cette ordonnance, la porte a été ouverte à une répétition de crimes graves en Côte d’Ivoire et nous le regrettons. Nous appelons tous les acteurs politiques à privilégier la voie pacifique et le dialogue, afin d’éviter que la situation ne dégénère à nouveau. »
Par ailleurs, la décision du gouvernement ivoirien de retirer sa déclaration de compétence à la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) contribue à entretenir les tensions. Ce retrait lance un message alarmant quant à l’engagement d’Abidjan en matière de justice et de droits humains.