« Nous appelons donc l’ensemble des pays membres du Conseil, en particulier ceux de la CEDEAO et de l’Union africaine à soutenir l’établissement d’un mécanisme de prévention qui permettrait au Conseil, en lien avec l’ONUCI, de rester saisi de la situation en Côte d’Ivoire, de documenter les violations commises et de suivre de façon précise l’évolution de la situation sur le terrain” a déclaré Mabassa Fall, représentant permanent de la FIDH auprès de l’Union africaine. “La prévention d’un conflit armé interne et la protection de la population civile contre toutes violations graves des droits de l’Homme doit demeurer une priorité pour les Etats de la sous-région ; c’est une occasion de démontrer que l’Afrique est en première ligne pour régler les conflits du continent dans le respect des principes universels » a-t-il poursuivi.
Depuis la fin du second tour de l’élection présidentielle le 28 novembre 2010, et les blocages politiques et institutionnels qui l’ont suivi, les actes de violences auraient jusqu’à présent causé, sur l’ensemble du territoire, la mort de plusieurs dizaines de personnes, fait plusieurs centaines de blessés et poussé près de 3 700 personnes à fuir la Côte d’Ivoire pour trouver refuge dans les pays voisins, notamment au Libéria. Par ailleurs, d’après les informations recueillies par l’ONUCI, confirmées par les organisations de défense des droits de l’Homme, plusieurs personnes auraient été victimes d’enlèvements dans leurs maisons “par des individus armés non identifiés en tenue militaire, accompagnés d’éléments des Forces de défense et de sécurité ou de milices. Les informations indiquent que les personnes enlevées sont emmenées de force dans des endroits de détention illégaux où elles sont gardées au secret sans instruction. D’autres ont été retrouvées mortes dans des circonstances suspectes”.
La Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union Africaine (UA) ont unanimement condamné le blocage politique et institutionnel qui prévaut actuellement en Côte d’Ivoire et les actes de violences à l’encontre des populations civiles qui en sont les conséquences directes. Ces condamnations sont en ce sens conformes aux dispositions des instruments de protection des droits de l’Homme adoptés par les Etats membres de l’UA, dont la Charte africaine de la démocratie des élections et de la bonne gouvernance.
« Alors que la crise ivoirienne risque de dégénérer en conflit armé et alors que 30 importantes échéances électorales attendent l’Afrique en 2011, cette session spéciale est une opportunité unique pour le Conseil des droits de l’Homme, et en premier lieu pour les pays africains membres du Conseil, de réaffirmer avec fermeté leur refus de voir la Côte d’Ivoire ou tout autre pays devant affronter un contentieux électoral tomber dans une crise durable" a déclaré Souhayr Belhassen, Présidente de la FIDH.