Poursuite des violences en Côte d’Ivoire. La communauté internationale doit hausser le ton

La FIDH est vivement préoccupée par l’augmentation des violences ces derniers jours en Côte d’Ivoire et craint chaque jour un peu plus de voir la situation dégénérer en une véritable la guerre civile.

À Abidjan la situation sécuritaire est particulièrement inquiétante. Les déplacés internes, dont le nombre s’élèveraient désormais à près 400 000 personnes, continuent de fuir les affrontements entre Forces de défense et de sécurité, proches du président sortant, Laurent Gbagbo et les forces alliées à Alassane Ouattara. Ces derniers jours, des tirs à l’arme lourde et de kalachnikov ont été entendus dans plusieurs quartiers de la ville dont le sud de Yopougon ou encore à Adjamé et les risques sont importants de voir les affrontements s’étendre en très peu de temps à l’ensemble de la ville, avec des conséquences importantes sur la sécurité des civils. Dans le quartier de Yopougon Port-Bouët 2, plusieurs témoignages font état de commerces incendiés ou saccagés et de personnes enlevées au sein même de leurs domiciles. Dans ce quartier, la mosquée a été saccagée et l’Imam tué.

Les populations civiles de l’Ouest du pays, continuent elles aussi de fuir les affrontements armés entre les deux camps. Près de 70 000 ressortissants ivoiriens se seraient d’ores et déjà réfugiés dans les pays voisins. Et ce bilan risque de s’alourdir en raison de l’intensification des combats dans cette zone, où, les Forces nouvelles loyales à Alassane Ouattara, ont pris le contrôle de plusieurs localités, dont la ville de Doké.

Depuis le second tour de l’élection présidentielle, le bilan des violences s’élève à environ 400 morts. La FIDH exhorte une fois de plus les parties en conflit à la retenue et au calme pour éviter un drame humain et insiste sur le fait que la responsabilité des auteurs des violations des droits de l’Homme devra être établie, y compris le cas échéant devant la Cour pénale internationale saisie de la situation en Côte d’ivoire. A cet égard, la FIDH a demandé au Conseil des droits de l’Homme réuni en ce moment même en sa 16ème session de mettre en place dans les plus brefs délais une Commission internationale d’enquête sur les violations des droits de l’Homme perpétrées en Côte d’Ivoire depuis la tenue du second tour de l’élection présidentielle.

«  La Côte d’Ivoire est au bord de la guerre civile. Ni les tentatives de médiation, ni les sanctions économiques n’ont pour l’instant permis d’infléchir la position du camp de Laurent Gbagbo. Or, les exactions se poursuivent et ce sont les populations civiles qui en pâtissent. Les responsables de ces crimes doivent bien comprendre qu’ils auront à répondre de leurs actes devant la justice. La fuite en avant n’est pas une solution » a déclaré Roger Bouka, Secrétaire général de la FIDH, qui a participé à une mission d’enquête organisée en Côte d’Ivoire du 22 février au 2 mars 2011 [1] .

Si la FIDH a salué la décision prise le 10 mars 2011 par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine réaffirmant l’élection de M. Ouattara en tant que Président de la République de Côte d’Ivoire et appelant toutes les parties ivoiriennes à « s’abstenir de toute action de nature à compliquer la situation et le processus de sortie de crise » [2] , elle appelle la communauté internationale à ne ménager aucun effort pour aider au règlement de la crise politique ivoirienne et contribuer à la protection des des populations civiles.

Aussi, la FIDH appelle le Conseil de sécurité à montrer sa détermination à prévenir toute escalade de la crise ivoirienne en conflit armé en donnant sans délai le soutien et les moyens nécessaires à l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) pour qu’elle puisse s’acquitter des termes de son mandat de protection des civils en assurant notamment le déploiement dans les plus brefs délais des 2000 casques bleus supplémentaires prévus par la Résolution 1967 adoptée le 19 janvier 2011 à l’unanimité par le Conseil de sécurité.

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