La FECODHO, une coalition d’ONG de défense des droits de l’Homme inféodée au pouvoir

02/09/2002
Rapport

La FIDH et son organisation affiliée, l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH) ont appris par voie de presse la création d’une Fédération congolaise des droits de l’Homme (FECODHO), constituant une plate-forme de onze ONG et associations congolaises.

Nos deux organisations s’en seraient félicitées si cette plate-forme n’avait manifestement pour but de servir d’une part d’instrument de manipulation de l’opinion publique nationale et internationale par la recherche du démenti systématique des travaux de la FIDH et de l’OCDH ; et d’autre part de constituer un mouvement d’opposition à l’OCDH au sein de la société civile congolaise, pour le discréditer.
C’est ce qui ressort notamment de la presse gouvernementale selon laquelle : " La naissance de la FECODHO [...] va enfin permettre de lutter efficacement contre la désinformation pratiquée à l’échelle internationale par l’Observatoire congolais des droits de l’Homme et la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme " (Les Dépêches de Brazzaville du 23 août 2002).
Selon la FIDH et l’OCDH, la création de la FECODHO, qui comprend notamment l’Association panafricaine Thomas Sankara, la Ligue congolaises pour les systèmes électoraux, la Convention nationale pour les droits de l’Homme et l’Association des femmes chefs de famille et éducatrices d’enfants, constitue une nouvelle tentative du gouvernement de faire obstacle à toute critique objective émanant d’organisations indépendantes reconnues pour l’objectivité de leurs actions.

Une telle stratégie souligne par l’absurde l’incapacité du gouvernement à répondre efficacement aux défis politiques et sociaux actuels, notamment :
 les enjeux d’une réconciliation véritable et de l’instauration effective d’un régime démocratique au Congo-Brazzaville ;
 l’instrumentalisation par le gouvernement de l’impunité systématique ;
 le maintien et le rôle de toutes les forces étrangères ; .../...

La situation au Congo demeure précaire, ainsi qu’en témoignent par exemple la poursuite de la guerre dans le Pool et notamment la récente attaque meurtrière des milices Ninjas contre un train le 24 août dernier. Le jusqu’au-boutisme militaire du gouvernement, qui semble n’envisager d’autre solution que le recours à la force pour en finir avec la rébellion augure mal de l’instauration d’une paix civile durable.

La FIDH et l’OCDH dénoncent la mise en oeuvre d’une stratégie visant à contrôler la société civile et à réprimer les voix discordantes. Ils craignent que cette démarche ne préfigure le renforcement de persécutions contre les membres de l’OCDH présentés une nouvelle fois comme des hors-la-loi et des ennemis du Congo.
La FIDH et l’OCDH appellent les défenseurs des droits de l’Homme indépendants à joindre leurs voix aux leurs pour demander la mise en oeuvre d’une politique de réconciliation nationale objective, basée sur le respect des droits de l’Homme, condition essentielle pour le retour d’une paix durable à laquelle les Congolais aspirent légitimement.

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